Chine : une compagnie aérienne poursuivie

29 Août 2014
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Deux passagers vivant avec le VIH et un de leurs amis ont porté plainte pour discrimination contre une compagnie aérienne chinoise qui leur avait refusé l'embarquement, a rapporté (15 août) un média d'Etat. Ce sera la première affaire de ce type à être examinée par la justice en Chine, indique l’AFP. S'apprêtant à prendre un vol intérieur sur la compagnie Spring Airlines, les deux voyageurs avaient fait état de leur séropositivité alors qu'ils s'enregistraient au comptoir de la compagnie. Le journal "Global Times"qui relate l’histoire n’indique pas les raisons pour lesquelles ces passagers ont évoqué leur séropositivité auprès du personnel. Quoi qu’il en soit, ce dernier leur a aussitôt refusé l'autorisation d'embarquer, ainsi qu'à l'ami qui les accompagnait. Leurs billets ont été annulés. Les trois passagers poursuivent la compagnie low-cost en justice pour discrimination. Ils demandent des excuses publiques et des dommages et intérêts de 48 999 yuans (5 950 euros). Comme l’indique le "Global Times", un tribunal a accepté de se pencher sur l’affaire. C’est d’autant plus une surprise que les autorités judiciaires chinoises traitent peu voire pas de ces questions. Les discriminations sérophobes sont fréquentes en Chine, où elles sont même en partie institutionnalisées : les personnes vivant avec le VIH sont interdites d'accès aux postes de la fonction publique. Et les personnes encourent le risque de se voir licenciées si leur employeur vient à l'apprendre, et certaines se sont même vu refuser toute prise en charge médicale par des hôpitaux publics. On peut rappeler que c’est seulement en 2010 que Pékin a levé l'interdiction faite aux citoyens étrangers vivant avec le VIH d'entrer dans le pays. Le problème avec la compagnie Spring Airlines tient au fait que selon les lois du pays relatives au transport aérien, les compagnies ont le droit de refuser l'embarquement aux personnes porteuses de maladies contagieuses (ce qui n'est pas le cas du VIH, qui est une maladie transmissible) ou susceptibles de mettre en danger les autres passagers, un critère flou qui laisse trop d’interprétations possibles. Interrogé par un journal chinois, Wang Zhenghua, président de la compagnie incriminé, a nié toute politique de discrimination et a rejeté la responsabilité de l'incident sur les employés locaux, qui auraient fait montre de "nervosité".