CMU-C : plus fragiles, plus malades

23 Mars 2012
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Trois chercheurs : Caroline Allonier et Philippe Le Fur (Institut de recherche et documentation en économie de la santé), Bénédicte Boisguérin (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) ont analysé les résultats des enquêtes sur la santé et la protection sociale 2006-2008 pour savoir ce qui se passait pour les personnes bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire). Leurs travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Questions d’économie de la santé (N°173, février 2012) qui est disponible sur le site de l'Irdes. Sans entrer dans les détails de leurs travaux qu’on vous laisse découvrir sur le site de l’institution, les chercheurs indiquent que "les bénéficiaires de la CMU-C, plus jeunes et plus souvent des femmes, se déclarent en moins bonne santé que le reste de la population selon les résultats des Enquêtes santé et protection sociale 2006 et 2008". En effet, "à âge et sexe équivalents, ils mentionnent plus de pathologies que le reste de la population, jusqu’à deux fois plus pour certaines affections comme la dépression et le diabète. L’exposition aux facteurs de risque comme le tabac et l’obésité est également plus élevée au sein de cette population, 1,6 fois supérieure au reste de la population pour le tabac et 1,7 fois pour l’obésité, en lien avec les affections digestives hautes et maladies cardiovasculaires qu’ils déclarent davantage", indiquent les résultats.


"Parmi les principaux motifs de la dernière consultation chez un médecin généraliste ou spécialiste, les maux de dos, la dépression, les problèmes respiratoires, digestifs et hépatiques sont plus fréquemment évoqués par les bénéficiaires de la CMU-C, conformément aux pathologies déclarées. En revanche, alors qu’ils déclarent davantage souffrir de maladies de l’oreille et des dents, ils invoquent moins que les autres ces motifs de recours", avancent les chercheurs. Ces résultats indiquent les auteurs confirment les tendances déjà repérées dans des enquêtes précédentes dont un enquête portant sur les ALD (affections de longue durée). "L’étude exhaustive de la Cnamts [caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, ndlr] effectuée à partir des données d’affection de longue durée (ALD) des patients du Régime général a montré qu’à âge et sexe comparables, les bénéficiaires de la CMU-C étaient 1,8 fois plus souvent en ALD que le reste de la population (Païta et al., 2007). Pour la tuberculose, la fréquence des ALD des bénéficiaires de la CMU-C était cinq fois plus élevée que celle des non-bénéficiaires, elle était trois fois plus élevée pour l’ensemble des pathologies liées à une anomalie de l’hémoglobine et hémolyses, les cirrhoses et maladies du foie, ainsi que pour les infections VIH et autres déficits immunitaires, et plus de deux fois supérieure pour des affections psychiatriques, le diabète et l’hypertension artérielle sévère".