Comment réagir quand on parle VIH autour de moi ?

24 Avril 2018
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Il y a les approximations voire les méconnaissances sur le VIH et ses modes de transmission, les clichés misérabilistes ou compassionnels sur les personnes qui vivent avec, souvent rabâchés par les médias, les propos discriminants ou haineux qui s’affichent sur Internet et que certaines personnes, mal informées, répètent. Propos de comptoirs ou de diners en familles, sorties télévisuelles, discussions dans les transports… il est parfois difficile d’entendre certains propos et pas toujours aisé d’y répondre ou de faire comme si on n’avait rien entendu. Alors comment réagissez-vous quand vous êtes dans cette situation ? Prenez-vous la parole pour corriger une erreur manifeste, donner votre point de vue, contrer un cliché ou un propos qui vous révulse ? Vous appuyez-vous sur votre expérience personnelle pour intervenir ? Faites-vous mention de votre statut ou pas ? Quelles sont vos expériences dans ce domaine où l’expression publique peut être capable du meilleur comme du pire ? C’est autour de ces questions qu’on vous propose d’échanger mardi 24 avril 2018 à partir de 21 heures, pendant le chat thématique, en compagnie de Diane-Seronet.

Commentaires

Portrait de jl06

 ....Pour vivre heureux vivons cachés ....au plus on parle de nous au plus les situations  Empire  !

quand je vois en Espagne la liberté que toutes les formes LGBT ont .... sa laisse rêveur , du coup j,y retourne ...

Portrait de Tom Sawyer

Les idées reçues voire les contre-vérités sur le VIH/SIDA persistent encore de nos jours, et fait inquiétant, sont en augmentation chez les jeunes.
En effet une récente étude montre que 21 % des jeunes pensent que le virus du Sida peut se transmettre en embrassant un séropositif. Le pourcentage de jeunes de 15 à 24 ans qui pensent, à tort, que le virus peut se transmettre par des baisers a augmenté de six points depuis 2015, 18 % pensent que le virus peut se transmettre au contact de la transpiration d’une personne séropositive, soit une augmentation de 8 points depuis 2015. Enfin, 19 % estiment que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission du virus, 9 points de plus qu’en 2015.
Le débat, animé par Diane, s'est articulé autour des points suivants
 
Le chat thématique, animé par Diane, s'est articulé autour de notre ressenti et de nos réactions lorsque nous sommes confrontés à ces contre-vérités concernant le VIH :
- prenez-vous parole pour corriger/rectifier les erreurs ?
- donnez-vous votre point de vue et/ou vous appuyez-vous sur votre expérience personnelle?
- faites-vous mention de votre statut sérologique?  
 
 
Une anonyme
Je tends l'oreille. Dans la vie courante je ne dis rien. Mais si des gens balancent des absurdités sur le VIH je rectifie. Au boulot ça va je suis épargnée.
C'est toujours une maladie qui ne se dit pas. Quand tu le dis tu n'as que de la compassion et de la frayeur.
Comment réagir? Naturelle, j'apporte mon point de vue (les progrès) mais je ne dis pas que je suis séropositive.  
J'ai vécu en communauté c'était contraignant car il fallait faire attention à tout. Avec le monde médical c'est différent j'en parle facilement.
Dans la vie on discute de tout alors pourquoi pas du VIH? J'en parle comme d'un sujet général.
 
luso
Je ne dis pas que je suis séropositif. Se lancer dans trop d'explications ou connaisseur du sujet ca pourrait paraître suspect!
Comment réagir ? Je laisse dire, genre je m'instruis à écouter ce qu'on me dit, si ça dérape je pose quelques jalons pour rediriger avec des remarques du genre : "Ah bon? Tu es sûr qu'on risque d'attraper le sida en s'asseyant sur le même siège"?. Goguenard quelque part, je tourne en ridicule ce que la personne dit, ce qui l'amène à passer à autre chose ou sentir l'énormité de la chose d'elle-même.
Il y avait beaucoup d'ignorance autrefois. Est-ce que les choses ont évolué?
Je suis plus apaisé aujourd'hui, mais jeune séropositif je me suis retrouvé en Italie au sein d'une équipe de plusieurs stewards d'un train à vivre dans une même maison. Dès le premier jour 3 garçons se sont présentés comme gays, et un des 4 hétéros a répondu : "Du moment qu'on chope pas le sida". Or je venais d'apprendre ma séropositivité et j'avais mes médicaments cadenassés dans ma valise. J'avais une boule au ventre!
J'ai longtemps cru et vécu dans la crainte de pouvoir contaminer quelqu'un, faisant attention à ne pas avoir la moindre égratignure, le vivant comme une angoisse si d'aventure ça arrivait. Me savoir séropositif indétectable m'apaise et je suis à même de faire davantage face lorsque ce genre de situation se présente comme des personnes qui dialoguent sur la séropositivité de façon erronée, que j'intervienne ou pas.
Mes premiers temps en communauté j'ai vécu une grande frayeur, c'est le mot. Aujourd'hui je serai sans doute plus décontracté.
Mais il faut croire que ça reste un problème qui touche très fort à l'intime, je pense notamment à Conchita Wurst obligée de prendre les devants pour annoncer sa séropositivité car menacée d'un chantage d'être "outée".
Je crois que on est la plupart à en parler comme d'un sujet général.
 
louplyonnais
Souvent on préfère mentir sauf si c'est un flirt, sinon je ne le dis pas. Annoncer une rencontre prometteuse, elle demande si j'ai pas un ennui de santé. Et depuis elle n'est jamais venue à mon invitation.
 
jéromiade
Il m'est arrivé d'être conseillée en pleine pause par une collègue de travail, de faire attention lorsque je m'asseois sur les chaises dans les transports en commun parce que je risque d'attraper le sida.
Mais ce qui a été plus dur c'est que dans mon service il y avait un homme séropositif et j'ai remarqué qu'il prenait une partie pareille de mon traitement et j'avoue que c'était dur pour moi. Malheureusement je n'ai jamais osé lui parler mais je ne fuyais pas, ni ne l'évitais.  
Le pire c'est lorsque mes collègues disaient tout le mal et les précautions à prendre lorsque je rentrais dans sa chambre pour mon service.  
 
sonia
J'entends pas trop parler du VIH, le SIDA oui et je me sens visée.
 
Conclusion
Peu de seronautes ont participé au chat. Toutefois on perçoit à travers les témoignages, qu'il est encore difficile de nos jours de parler librement et ouvertement de notre statut sérologique, notamment à cause des idées (méconnaissance sur le VIH/SIDA) et des personnes qui en parlent. Cependant, chacun des participants ne peut pas rester insensible à une situation où il est confronté à des idées fausses sur le VIH. Chacun, avec sa propre stratégie et sa sensibilité, intervient pour corriger et rectifier les contre-vérités, et selon un seronaute, avec le temps et les progrès en matière de traitement, lui permettent d'aborder, d'appréhender et de réagir plus facilement à ces situations.
 
On se retrouve le mardi 15 mai pour discuter de l'achat des médicaments sur Internet. D'ici là prenez bien soin de vous et profitez un max du soleil.
Tom.