Congrès AIDES 2021 : c’est parti !

3 Septembre 2021
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Tous les deux ans, l’association AIDES organise un congrès national, temps important de la vie associative et de la vie politique de la structure. L'édition 2019 avait eu lieu à Tours. Elle avait été l’occasion de réfléchir à l’avenir de la lutte contre le sida et au nouveau projet associatif de AIDES pour la période 2019-2023. Entre temps, une pandémie mondiale est passée par là et crise sanitaire, confinements et couvre-feu successifs ont perturbé la vie de l’ONG. Les conséquences se font toujours ressentir aujourd’hui. Le congrès prévu en juin a été reporté en septembre et dans un format un peu particulier avec des militants-es répartis-es dans sept villes différentes (Nantes, Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille, Strasbourg et Toulouse). En plénière d’ouverture (organisée à Nantes et retransmis en direct dans les autres villes), Catherine Aumond, administratrice et trésorière de l’association, a rappelé que le contexte restait fragile notamment pour la Guyane et les Antilles actuellement très touchées par le variant Delta et qui n’ont pas pu prendre part à ce congrès pour cause de nouveau confinement. Le docteur Pascal Pugliese, président de la SFLS (Société française de lutte contre le sida), est intervenu (en visio) pour faire le point sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la lutte contre le VIH. Si l’impact sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) s’est moins fait ressentir, la prévention diversifiée du VIH a été bien mise à mal. Pascal Pugliese rappelle que le nombre de sérologies VIH est en forte baisse avec moins 16 % de dépistages, un phénomène non compensé par la délivrance des autotests. Le président de la SFLS a aussi rappelé que la Prep avait connu un net coup d’arrêt. Selon lui, il est urgent de lancer des actions « de rattrapage » avec des actions « concertées, pragmatiques et rapidement opérationnelles ». Il cite, par exemple, la nécessité d’étendre le dispositif « Au labo sans ordo » actuellement testé dans les départements des Alpes-Maritimes et de Paris et qui permet aux usagers-ères d’effectuer un dépistage VIH en laboratoires de ville sans ordonnance, sans rendez-vous et sans frais. Pascal Pugliese propose aussi de faciliter l’accès au TPE (traitement post exposition). Le second intervenant était Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé (en visio également) qui, lui aussi, est revenu sur l’impact de la crise sanitaire avec une baisse de 60 % du dépistage VIH suite au premier confinement. Le ministre a exprimé sa « reconnaissance et gratitude » envers le milieu associatif et son « rôle primordial » pendant la crise sanitaire. Il a ensuite fait le bilan des actions de son ministère en rappelant le décret qui autorise la primo prescription de la Prep par les médecins de ville ou en faisant référence à la loi bioéthique qui a ouvert le droit à la PMA aux couples de femmes. Il révèle, par ailleurs, qu’il vient de missionner le professeur Amine Benyamina (addictologue, Hôpital Paul Brousse, AP-HP et président de la Fédération française d'addictologie) sur la question du chemsex. Il termine son discours sur son souhait de promouvoir les parcours en santé sexuelle et reproductive. Camille Spire, la nouvelle présidente de AIDES, a prononcé son premier discours depuis son élection en juillet. La militante a déploré les manquements des pouvoirs publics pendant la crise sanitaire. Elle parle d « impréparation manifeste » et de « domination de la pensée à court terme » du gouvernement. La présidente de AIDES regrette que les enseignements de la lutte contre le sida n’aient pas été appliqués à cette pandémie et craint un « risque réel » de reprise des épidémies de VIH et des hépatites. « AIDES est une association de santé communautaire, notre force, c’est le collectif », assure Camille Spire. Et de conclure qu’elle aimerait passer d’un « confinement physique à un déconfinement des esprits » afin de produire de l’intelligence collective.