Contrôler les réservoirs du VIH

19 Mars 2022
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Le pembrolizumab (anciennement lambrolizumab) est un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine PD-1 et utilisé comme médicament anticancéreux. La PD-1 est une protéine de surface cellulaire dite « point de contrôle » qui agit comme un frein immunitaire. Une équipe internationale a étudié les réservoirs de VIH chez des personnes séropositives traitées pour un cancer par pembrolizumab. Cette immunothérapie ciblant la protéine PD-1 semble pouvoir faire sortir de la latence les réservoirs du VIH. « Un constat encourageant pour les recherches qui visent à pouvoir un jour guérir de l'infection », rapporte la Dre Irène Drogou dans le Quotidien du Médecin (4 mars).Cette étude internationale publiée dans Science Translational Medicine , concerne 32 personnes vivant avec le VIH traitées avec le pembrolizumab administré pour traiter leur cancer. « Cette approche permettrait in fine que les cellules soient enfin reconnues, puis éliminées par le système immunitaire » explique la médecin. « C'est une preuve de concept qu'il faudra faire évoluer, explique Asier Saez-Cirion, chercheur à l'Institut Pasteur au sein du laboratoire HIV, inflammation et persistance. « L'étude est intéressante, mais il n'y a pas d'application thérapeutique dans l'immédiat. Les résultats obtenus dans cette cohorte américaine semblent trop légers pour suffire à contrôler le VIH à l'arrêt des antirétroviraux (ARV) (...). Sans compter qu'il est difficile de généraliser ces résultats à des patients non atteints de cancer, compte tenu des effets secondaires des anti-PD1, de l'ordre de 5 à 10 % », précise le chercheur (…) les cellules immunitaires, les CD8 en particulier, pourraient être reboostées ». « Comme dans le cancer, la réponse à l'immunothérapie est variable, seule une fraction de personnes répond favorablement », souligne le directeur de recherche. Parmi les autres pistes prometteuses pour contrôler les réservoirs de VIH, celle des anticorps neutralisants à large spectre déjà utilisés en thérapeutique et testés comme vaccin. « Ces anticorps ont une très forte affinité pour le virus. Leur très bonne activité antivirale permet de diminuer le traitement par ARV », explique Asier Saez-Cirion. Cette année, un essai clinique combinant ARV précoce et anticorps neutralisants chez des personnes nouvellement infectées par le VIH a été lancé par le consortium Rhiviera de l'ANRS, qui fédère notamment l'Institut Pasteur et les hôpitaux de Bicêtre et de Saint-Louis (AP-HP) rapporte le Quotidien du Médecin.