Covid-19 et VIH : les craintes des Actupiennes

1 Avril 2020
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À l’heure où l’épidémie de Covid-19 sévit en France, près de 40 174 cas sont confirmés avec 19 354 personnes hospitalisées (+2 599 en 24 heures), 4632 cas graves hospitalisés en réanimation (+359 en 24 heures), 2 606 décès à l’hôpital (+292 en 24 heures) (point épidémiologique du 29 mars 2020), l’association Les ActupienNEs et les séropos de longue date sont comme contraints-es de voir se ranimer en leur mémoire des moments saillants et intimes de l’épidémie de Sida qui a imprégné leurs corps à vie. Dans le débat sur la comparaison qui peut être faite entre l'épidémie de sida et celle du Covid-19, l'association les Actupiennes apporte dans un communiqué du 30 mars des éléments de réflexion, avec des partis pris qui, eux-mêmes, ouvrent à débat. « Les médias, certains médecins et le grand public voudraient nous prendre à comparer ces deux émergences d’épidémies, mais ceci est impossible, tant le sida n’a pas été pris en considération par les gouvernements de l’époque et tant le sida était réservé aux rebuts de la société et emprunts aux tabous », explique ainsi l'association. « Nous enrageons à voir qu’avec le Covid-19, ce gouvernement et ses prédécesseurs réitèrent la même erreur de ne pas donner accès aux moyens de prévention. Des masques devraient être distribués aux cas contacts a minima et au personnel soignant et le dépistage devrait être généralisé », défend l'association. Elle pousse même son argumentation à comparer avec un scandale sanitaire survenu avec l'épidémie de sida. « Est-ce que les soignants-es envoyés-es au casse-pipe sans masques seront la prochaine affaire du sang contaminé ? L’acharnement à démanteler l’hôpital public est un crime de guerre, puisque nous sommes « en guerre » selon le président Macron », affirme le communiqué. « Dans nos têtes, les réminiscences de l’épidémie de sida suscitées nous évoquent des écœurements sur l’état de la lutte contre le Sida d’aujourd’hui ». Une de leurs craintes est que « l’atrocité du Covid-19 effacera un peu plus vite le sida et ses 6 000 contaminations annuelles devenues normales ou encore « acceptables ». Et l'association d'expliquer : « Tant de revendications de longue date ne verront sûrement jamais le jour : échange de seringue en prison, fin de la pénalisation des clients du travail du sexe, accès aux soins sans restriction aux étrangers-ères, notification formalisée aux partenaires, contrôle des pratiques de l’industrie pharmaceutique par l’État, etc. »

Commentaires

Portrait de Philippe Hème

Vous avez repris du texte les idées les plus intéressantes, avec lesquelles on peut être d'accord.

Mais il y a aussi dans ce papier beaucoup de propos datés, à côté de la plaque, sous-tendus par une nostalgie déplacée des années SIDA.

Un seul exemple (celui qui m'a le plus choqué) : ce regret que le VIH soit aujourd'hui une infection chronique contrôlée (faut-il expliquer que c'est bien la réalité du VIH aujourd'hui ? Et qu'il faut célébrer cette très bonne nouvelle ?) et ce refus (incompréhensible) de dédramatiser la réalité de la vie avec le VIH en France en 2020 (serait-il permis, là aussi, de se détendre, de respirer, et de se réjouir de bien vivre avec le VIH aujourd'hui, et de vivre comme tout le monde ?).

On peut parfaitement militer efficacement pour défendre les causes actuelles du VIH sans devoir répéter les slogans des années SIDA à l'infini. Ce discours militant est totalement en décalage avec la réalité de la vie de la majorité des pesonnes séropositives aujourd'hui.

Il est peut-être temps que les associations "historiques" sortent une bonne fois pour toutes des années SIDA : elles sont terminées depuis 25 ans.

Philippe Hème.