Covid-19 : les hôpitaux en manque

7 Octobre 2020
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Manque de lits et sous-effectifs chroniques : les hôpitaux sont toujours souffrants à l'heure où affluent vers eux de nouvelles personnes malades de la Covid-19, notamment en réanimation, explique l’AFP. Actuellement, la France dispose d'environ 5 000 lits dans les services de réanimation. Un peu plus de 1 200 sont aujourd'hui occupés par des personnes malades du Covid. La situation n’est donc pas au niveau de cette d’avril (où on a pu atteindre jusqu'à 7 000 personnes en soins dans ces services), mais les services se remplissent rapidement. Du côté du gouvernement, on cherche à rassurer. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué (4 octobre) que des respirateurs et médicaments indispensables à la réanimation (curares, hypnotiques) ont été stockés pour permettre la prise en charge de 29 000 personnes, si besoin. Pas d’annonces en revanche sur l’ouverture de nouveaux lits. Les 4 000 lits promis par les accords du Ségur ne sont pas encore arrivés dans les services. En 2019, 3 400 lits ont été fermés, pour un total de 100 000 en 20 ans. Comme le précise l’AFP, depuis le printemps, aucune ouverture pérenne n'a été effectuée en Île-de-France, où le taux d'occupation des 1 200 lits de réanimation par les personnes atteintes de la Covid-19 atteignait, jeudi 1er octobre, 35,3 % (le seuil critique étant fixé à 30 %). Selon l'ARS d’Île-de-France, les services de réanimation disposent de 100 lits de plus qu'avant la crise sanitaire, mais ce sont des lits empruntés à d'autres services pendant la première vague et non rendus aux services. « On se sent trahi. Le gouvernement reste sourd aux besoins. Pour 1 000 habitants, la France a 5,9 lits de réanimation, l'Allemagne en a 8. Pour 1 000 habitants, la France compte 10 infirmières, l'Allemagne 13, etc. » critique Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Interpellé sur cette question, Olivier Véran a d’abord mis en avant le fait qu'on ne peut pas construire « des unités de réanimation du jour au lendemain ». « Ce que nous devons faire, c'est empêcher les gens d'aller en réanimation, il est là l'enjeu ! », a défendu le ministre de la Santé en faisant allusion aux mesures de restriction mises en place par le gouvernement pour lutter contre la progression du virus. Par ailleurs, il a indiqué que transformer les blocs opératoires et salles de réveil en unités Covid permettrait de débloquer jusqu'à 12 000 lits « si c'était nécessaire à jour donné », a-t-il assuré. Reste que cela impliquerait à nouveau de reporter des opérations chirurgicales au risque de graves problèmes pour des patients-es atteints-es d’autres pathologies. Un autre paramètre intervient : celui du personnel. Certains lits « restent fermés faute de personnel dans les hôpitaux, voire dans des services accueillant des patients atteints de Covid », alerte ainsi le Collectif inter-hôpitaux. Et l’AFP de préciser, si la France a, sur le papier, environ 5 000 lits de réanimation, selon un document du Conseil national professionnel médecine intensive réanimation cité par Le Figaro, 500 à 600 sont en permanence fermés par manque de personnel. Avant la crise de la Covid-19, au moins 500 postes d'infirmiers-ères étaient ainsi vacants dans les établissements de l'AP-HP, où en 2019 près de 30 % des postes de médecins hospitaliers-ères n'avaient pas trouvé preneur. La question des hôpitaux fait l’objet d’une nouvelle mobilisation. À l'initiative de la CGT santé et action sociale, quatre collectifs (inter-urgences, inter-blocs, printemps de la psychiatrie et coordination nationale), deux syndicats (Sud et CFE-CGC) et l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) appellent à « une journée de mobilisation et de grève nationale dans le secteur de la santé, du médico-social et du social » le mercredi 15 octobre, indique le Quotidien du Médecin. Une mobilisation est prévue à Paris « et ailleurs », précisent les huit structures qui appellent à la manifestation. « La deuxième vague de crise Covid-19 risque de faire s'écrouler notre système de santé et d'action sociale », mentionne un communiqué commun en appel à cette mobilisation.