Covid : séroprévalence en France

21 Avril 2021
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Depuis le débat de la pandémie, des chercheurs-ses et modélisateurs-rices ont développé des méthodes pour estimer la proportion de la population ayant été infectée par le Sars-CoV-2, le virus qui cause la Covid-19. Cette estimation est importante car elle « permet d’apprécier la proportion de la population qui pourrait avoir acquis une immunité (au moins partielle et de court terme) contre le Sars-CoV-2 suite à une infection naturelle », explique l’Institut Pasteur dans un communiqué. L’estimation reste néanmoins délicate car « les données de surveillance sur les cas, les hospitalisations et les décès ne captent qu’une petite proportion des infections ». Dans ce contecte, les enquêtes sérologiques sont un outil précieux. Elles permettent de mesurer la séroprévalence, c’est-à-dire la proportion de la population ayant développé des anticorps anti-Sars-CoV-2, ce qui signale une infection passée. Les enquêtes sérologiques restent difficiles à mettre en œuvre de façon régulière, explique l’Institut Pasteur. Par ailleurs, le phénomène de décroissance des anticorps (une personne peut perdre ses anticorps avec le temps) fait que la séroprévalence risque, à terme, de sous-estimer la proportion de la population ayant été infectée. Comme on le voit, ce n’est pas simple. Les scientifiques de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec l’Inserm, Sorbonne Université et Santé Publique France ont développé de nouvelles approches pour tenter de suivre la proportion de personnes infectées à partir de ces données. Les chercheurs-ses et modélisateurs-rices ont publié le 8 avril dernier dans la revue scientifique The Lancet Public Health une « mise à jour de la proportion de la population ayant été infectée par le Sars-CoV-2 ». À la sortie du premier confiment (11 mai 2020), l’équipe de Simon Cauchemez (responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur) avait estimé à l’époque que cette proportion devait se situer aux environs de 5 % au niveau national, avec des variations importantes entre régions (de l’ordre de 10 % en Île de France et dans le Grand Est). Plus récemment, les chercheurs-ses ont développé une nouvelle méthode pour estimer la proportion de personnes infectées par âge et par région en analysant conjointement les données françaises d’hospitalisation et de séroprévalence. La proportion de personnes infectées est ensuite restée stable jusqu'en août 2020, notent les experts-es. Puis, elle a progressé pour atteindre 14,9 % au 15 janvier 2021, avec des variations régionales. « La proportion d'infectés était la plus élevée en Île-de-France (26,5 %), suivie de Provence-Alpes-Côte d'Azur (19,7 % ), Grand Est (18,2 %), Bourgogne-Franche-Comté (16,2 %) et Auvergne- Rhône-Alpes (15,7 %). La plus faible proportion était en Bretagne (5,1 %) », détaillent les auteurs-rices. « En supposant que les personnes infectées soient immunisées contre la réinfection, l'immunité estimée à 27 % pourrait contribuer à ralentir la propagation du virus en Île-de-France », observent les auteurs-rices. Analysée selon l’âge, la proportion de personnes infectées était la plus élevée chez les personnes âgées de 20 à 49 ans (20,4 %), avec des taux inférieurs (9,7 %) chez les personnes âgées de 50 ans ou plus, détaille un article du Quotidien du Médecin. La même tendance selon l'âge est observée dans la plupart des régions : le risque d'infection chez les personnes âgées de 20 à 49 ans est « deux à trois fois plus élevé que chez les personnes âgées de 50 ans ou plus, selon la région », indiquent les auteurs-rices.