Crack : la police en force à Paris

9 Septembre 2020
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Le 3 septembre, les services de police ont évacué un nouveau site de consommation de crack dans la capitale. Le plan élaboré par la préfecture prévoit l’hébergement des personnes sans-abris délogées, mais les places manquent. Interrogée par l’AFP, l’adjointe à la Santé de la mairie de Paris, Anne Souyris (EELV), estime que l’évacuation de jeudi a été « mal préparée ». « Il n’y a même pas assez de places prévues pour les héberger, donc on va retrouver ces personnes disséminées dans Paris et on va encore tout recommencer à zéro, a-t-elle commenté. La décision d’intervention de la Préfecture de police de Paris a fait réagir la Fédération Addiction. Dans un communiqué, elle critique le mode d’intervention de la police. « Qui pouvait penser que la précédente évacuation de la « colline du crack » pourrait miraculeusement régler les problèmes liés à la consommation de crack en région parisienne ? Personne. Pas nos organisations en tout cas, qui n’ont eu de cesse de dénoncer des interventions policières à grand spectacle », tacle la Fédération Addiction. « La nouveauté, c’est que celle-ci n’a même pas été préparée avec les associations et structures sociales et médico-sociales, comme cela avait pu être fait lors de la situation compliquée de la porte d’Aubervilliers il y a quelques semaines. Improvisée, elle compromet toutes les tentatives d’accompagnement. Les usagers-ères sont dispersés-es sans aucune perspective d’orientation. Il ne leur reste plus qu’à se fixer ailleurs, en attendant une nouvelle évacuation ». La fédération rappelle que la consommation, le deal et la répression durent « depuis plus de vingt ans, dans des quartiers du nord de Paris, de Saint-Denis et dans des territoires d’Île-de-France », sans succès. « Les mesures d’ordre public ne seront utiles que si elles sont complétées et articulées avec une offre sanitaire et sociale, des propositions d’hébergement à la hauteur du nombre de consommateurs-rices à la rue et l’ouverture d’autres salles de consommation à moindre risque ! », avance le communiqué de la fédération. Mais ce que note surtout la structure, c’est que l’adoption d’un plan d’actions 2019-2022 sur la consommation de crack réunissant la préfecture de police, l’agence régionale de santé, la Ville de Paris, la Mildeca dont l’objectif est de « coordonner et mieux mutualiser l’action menée par l’ensemble des acteurs en matière de lutte contre le crack » n’a rien résolu, puisque des opérations de « sécurité publique » sont lancées sans associer les acteurs-rices de « santé publique ». Et la Fédération Addiction de conclure : « Ces points de fixation de publics vulnérables dans des lieux de relégation ne pourront que se multiplier et s’institutionnaliser tant que des réponses globales et coordonnées n’auront pas été mises en œuvre. Des solutions existent, mobilisons-les avec pragmatisme. Que les décideurs regardent enfin ce qui se fait ailleurs, chez nos voisins européens. Cela fonctionne ».