Craintes pour les LGBT en Ouganda

23 Janvier 2021
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C’est dans un contexte tendu d’élection présidentielle que s’inscrit le communiqué de l’Onusida concernant la communauté LGBTQI+ en Ouganda. L’élection oppose un jeune député et chanteur de ragga, Bobi Wine. Il défie le président sortant Yoweri Museveni, deux fois plus âgé, qui brigue un sixième mandat après 35 ans de pouvoir. Ce dernier est donné favori. La campagne présidentielle a été particulièrement violente, émaillée d'arrestations et d'émeutes et endeuillée par plusieurs dizaines de morts, rappelait récemment l’AFP. Dans le pays, les trois quarts de la population a moins de 30 ans. A la fin de la campagne, des meetings de l’opposition ont été interdits et le président Museveni a suspendu des réseaux sociaux et des services de messagerie, tels Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber, expliquant que cette mesure venait sanctionner la fermeture par Facebook de plusieurs comptes liés au pouvoir accusés d'influer de manière artificielle sur le débat public. C’est dans ce contexte qu’est publié, le 12 janvier, un communiqué de l’Onusida. Il demande que « la communauté LGBT en Ouganda soit toujours traitée avec respect et dignité ». L’institution onusienne s’inquiète que les « diffamations » à l’encontre des communautés LGBT en Ouganda puissent « alimenter les violences, la stigmatisation et la discrimination à leur encontre » et « diminuer leur accès aux services essentiels, dont ceux liés au VIH ». Cette déclaration est une réponse aux propos récents du président Yoweri Museveni dans différents médias qui décrivaient comme une « déviance » le fait d’être une personne LGBT. « Rien ne justifie l’utilisation de termes humiliants comme « déviance » pour décrire les personnes LGBT », a dénoncé Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. « La stigmatisation et la discrimination reposant sur l’orientation sexuelle violent les droits de personnes et les écartent des services de dépistage, de traitement, de prévention et de soin du VIH. L’épidémie de VIH ne prendra jamais fin si certains groupes sont exclus des services de santé », a-t-elle souligné. Cette déclaration illustre la stratégie conduite par l’agence : s’engager en faveur de l’adoption de lois anti-discrimination et de protection, en soutenant la société civile locale, dans le but d’éliminer la discrimination et les violences à l’encontre de la population LGBT et ainsi d’encourager le droit universel à la santé. Ces dernières années, l’Ouganda a accompli des progrès considérables contre l’épidémie du VIH. L’Onusida estime que sur les 1,5 million de personnes vivant avec le VIH dans le pays en 2019, 1,3 million d’entre elles connaissaient leur statut sérologique et 1,2 million de personnes suivaient un traitement. Dans ce pays d’Afrique de l’Est, plus de 95 % des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH reçoivent une thérapie antirétrovirale pour les maintenir en bonne santé et empêcher la transmission du virus à leur enfant. Les personnes LGBT sont, elles, moins susceptibles de recourir aux services de dépistage, de traitement, de prévention et de soin du VIH qui leur permettraient de rester en bonne santé. Cette situation est due entre autres à la stigmatisation et à la discrimination dont fait l’objet cette population au sein du système de santé et de la société. Et malgré les interventions répétées de l’Onusida, les autorités ougandaises restent sur leur ligne. Une ligne qui devrait perdurer dans l’hypothèse d’une nouvelle réélection de Yoweri Museveni.