Criminalisation de l’homosexualité et VIH

23 Janvier 2023
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Une nouvelle étude publiée dans The Lancet montre que la prévalence du VIH est plus élevée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) dans les pays où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont criminalisées, que dans les pays où elles ne le sont pas. Jusqu’ici, peu d'évaluations de l’association entre la criminalisation de l’homosexualité et VIH chez les HSH ont été réalisées, en particulier en Afrique subsaharienne. Cette étude a utilisé les données regroupées de dix études — chacune spécifique à un pays —, réalisées dans 25 sites, au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en Gambie, en Guinée-Bissau, au Nigeria, au Sénégal, au Swaziland, au Rwanda et au Togo. Les HSH étaient éligibles s'ils remplissaient les conditions spécifiques au pays en matière d'âge, de zone de résidence, et s'ils déclaraient avoir eu des rapports sexuels anaux avec un homme au cours des 12 derniers mois. La politique locale relative aux comportements sexuels entre personnes de même sexe a été classée dans chaque pays, comme non criminalisée ou criminalisée. Les pays ont également été classés sur la base de rapports récents portant sur les poursuites liées à des actes sexuels consentis entre personnes de même sexe. Les données individuelles sur l'historique des tests de dépistage du VIH, le statut VIH et la stigmatisation ont été recueillies par le biais de questionnaires socio-comportementaux administrés par des enquêteurs-rices. Entre le 3 août 2011 et le 27 mai 2020, les chercheurs-ses ont recruté 8 047 HSH dont l'âge médian était de 23 ans. Au total, 4 886 d’entre eux vivaient dans des pays qui criminalisent les actes sexuels consentis entre personnes de même sexe. La prévalence du VIH parmi les HSH était plus élevée dans les milieux criminalisés que dans les milieux non criminalisés et plus élevée dans les milieux où des poursuites judiciaires avaient été engagées récemment que dans les milieux sans poursuites. Le dépistage du VIH ou la connaissance de son statut sérologique n'étaient pas associés à des politiques ou pratiques punitives. La stigmatisation était associée à la séropositivité, mais ne variait pas de façon constante selon les environnements juridiques. Les disparités de prévalence du VIH entre les HSH et les autres hommes adultes étaient les plus élevées dans les environnements punitifs. En conclusion, les auteurs-rices de cette étude estiment que les risques structurels, notamment les politiques discriminatoires au niveau national, les poursuites et les obstacles juridiques, pourraient contribuer à une prévalence plus élevée du VIH parmi les HSH. Dans l'ensemble, ces données soulignent l'importance de la décriminalisation des relations sexuelles entre personnes de même sexe et de la diminution de l'application de la loi, ainsi que de la réduction de la stigmatisation, comme éléments centraux d'un contrôle efficace du VIH.