Crise sanitaire et confiance

19 Octobre 2021
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La gestion de la crise sanitaire en France a été minée par le manque de confiance des Français-es à l'égard de leurs concitoyens-nes, du gouvernement et des scientifiques, relève une note du Conseil d'analyse économique (CAE), publiée le 5 octobre. Se fondant sur plusieurs enquêtes, ses auteurs, les économistes Yann Algan et Daniel Cohen, montrent que « la confiance en entrée de crise apparaît comme un facteur clef pour expliquer les résultats économiques et sanitaires des différents pays touchés par l'épidémie » et que « la confiance politique et la confiance envers les scientifiques sont centrales dans la gestion de la crise sanitaire », explique l’AFP.  Or la France se caractérise par un niveau de confiance bien inférieur à ses voisins européens, que ce soit dans les relations interpersonnelles (les citoyens-nes entre eux), à l'égard du gouvernement, mais aussi des scientifiques. La confiance envers les scientifiques a davantage reculé en France pendant la crise, avec une chute de 20 points entre mars et décembre 2020. Or les enquêtes montrent que l'adhésion aux mesures sanitaires est directement corrélée à ce niveau de confiance. Sur le plan économique, la note du CAE, organisme chargé de conseiller le gouvernement, montre que « plus la confiance est élevée, plus la récession est limitée ». Sur le plan sanitaire, les auteurs montrent qu'au premier semestre 2020, « la mortalité est très corrélée aux facteurs de santé publique (densité de population, âge, nombre de lits d'hôpital), et les principales différences entre pays dépendent essentiellement de l'intensité du choc sanitaire initial ».  À l'inverse, à partir du second semestre, alors que l'économie repart, les indicateurs de morbidité « sont surtout corrélés » aux indicateurs de confiance : « les pays où la cohésion sociale a été la plus forte ont pu réduire l'incidence sanitaire de la réouverture économique », souligne l’AFP.  Dans leurs recommandations, les auteurs plaident pour la création d'instances de « coopération » entre gouvernements, acteurs-rices locaux-les, citoyens-nes et corps intermédiaires, ainsi que pour un renforcement de la politique de santé publique.