Cryptoccocose neuroméningée : l'essai Acta

13 Avril 2018
5 052 lectures
Notez l'article : 
0
 

La cryptococcose neuroméningée est une infection grave, due à un champignon, qui est fréquente chez les personnes immunodéprimées et en particulier chez celles qui sont au stade sida, diagnostiquées trop tardivement. Malgré l’augmentation globale, au niveau mondial, de la couverture en traitement antirétroviral des personnes vivant avec le VIH, l’incidence de la cryptococcose n’a pas diminué et elle reste la cause de plus de 180 000 décès par an dans le monde, explique un récent communiqué de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Cette maladie a fait l’objet d’un essai : Acta (Advancing Cryptococcal Meningitis Treatment for Africa), promu par le Medical Research Council (MRC) et l’ANRS. L’essai Acta a inclus 721 personnes infectées par le VIH et présentant une cryptococcose neuroméningée. Il a comparé trois traitements d’attaque (dont le traitement de référence par amphotéricine B et flucytosine pour deux semaines) suivi d’un traitement de consolidation de huit ou neuf semaines. Les résultats de cet essai ont démontré la supériorité d’un traitement d’attaque d’une semaine combinant une perfusion quotidienne d’amphotéricine B et la flucytosine orale, suivie de deux semaines de fluconazole et flucytosine. L’évaluation à dix semaines après initiation de ce traitement présentait une mortalité significativement abaissée par rapport au schéma thérapeutique recommandé jusqu’alors dans la plupart des pays. Ces résultats, présentés lors de la 9e conférence de l’IAS en juillet dernier, ont fait l’objet d’une publication dans le "New England Journal of Medicine" (15 mars). Les nouveaux schémas thérapeutiques mis en avant par l’essai Acta pourraient potentiellement sauver plus de 80 000 vies par an. A la lumière de ces résultats, l’Organisation mondiale de la santé vient de changer ses recommandations pour la prise en charge de la cryptococcose neuroméningée. Le traitement se basant sur la prise d’amphotéricine B et flucytosine, en phase d’induction, pendant une semaine est maintenant recommandé. En cas de non disponibilité de l’amphotéricine B, le fluconazole à posologie élevée associé à la flucytosine par voie orale doit être proposé.