Datura : VIH et tuberculose

30 Mai 2022
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Le projet ANRS Datura (cofinancé par l’ANRS | MIE et l’European and Developing Countries Clinical Trials Partnership/EDCTP2) est un essai clinique international qui évalue l’efficacité d’un traitement antituberculeux intensifié contre la mortalité due à la tuberculose chez des personnes immunodéprimées (adultes et adolescents-es hospitalisés-es) et infectées par le VIH. Il se déroule, sur trois ans, dans six pays d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est : Cambodge, Cameroun, Guinée, Ouganda, Vietnam et Zambie. Comme le rappelle un communiqué commun, les épidémies de VIH et de tuberculose sont très fortement liées. Elles constituent un enjeu majeur pour la santé mondiale. Fin 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait à 37,7 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH, dont plus de 90 % dans des pays à ressources limitées. Bien que les taux de mortalité dus aux maladies liées au sida aient diminué de 44 % entre 2010 et 2018 en Afrique orientale et australe, et de 39 % en Asie et dans le Pacifique, la tuberculose reste la principale cause de décès chez les PVVIH. Elle représente environ un décès sur trois au sein de cette population, expliquent les deux agences de recherche. L’objectif principal de l’essai de phase III ANRS Datura est d’évaluer, 48 semaines après l’inclusion des participants-es, l’efficacité et la sécurité d'un schéma de traitement antituberculeux intensifié avec des plus fortes doses de rifampicine et d’isoniazide par rapport au traitement standard de l’OMS et l’adjonction de corticostéroïdes systémiques au cours de la phase initiale du traitement. Les 1 330 personnes incluses seront des adultes et adolescents-es de 15 ans ou plus infectés-es par le VIH (avec un taux de CD4 ≤ 100 cellules/μL) et hospitalisés-es pour une tuberculose. Cela permettra, d’une part, de déterminer l’impact de ce traitement sur le taux de mortalité des personnes concernées et d’autre part de le comparer au traitement antituberculeux standard actuellement recommandé par l’OMS.  « Nos attentes sont grandes vis-à-vis de ce projet de recherche, car le taux de mortalité dû à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH reste très important et peut atteindre 30 % chez les patients très immunodéprimés. En Guinée, le taux de mortalité lié à la tuberculose a considérablement baissé sauf chez les patients infectés par le VIH. C’est pourquoi nous espérons que Datura pourra apporter des réponses quant aux causes de cette mortalité élevée et permettra d’élaborer des approches thérapeutiques plus adaptées », a commenté le Dr Boubacar Djelo Diallo, investigateur principal du projet Datura en Guinée, dans le communiqué des deux agences.