Défrisage capillaire et cancer

30 Octobre 2022
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Les produits de défrisage utilisés pour lisser les cheveux, notamment par les femmes noires, font courir un risque accru de cancer de l'utérus, selon une vaste et nouvelle étude des Instituts américains de santé (CDC), indique l’AFP.  Les femmes ayant fréquemment recours à ces produits — plus de quatre fois par an — voient leur risque de développer un cancer de l'utérus plus que doubler, selon ces travaux scientifiques. Ces résultats ont été publiés (17 octobre) dans le Journal of the National Cancer Institute. Des experts-es ont exprimé leur intérêt pour cette piste de recherche et indiqué qu’il s’agissait d’un « principe de précaution » devant conduire à davantage de réglementations, même, si des études supplémentaires soient nécessaires pour approfondir ces résultats. Le cancer de l'utérus (à ne pas confondre avec le cancer du col de l'utérus) est une forme de cancer relativement rare. Il représente environ 3 % des nouveaux cas de cancer aux États-Unis, avec quelque 66 000 cas et 12 500 décès en 2022. Mais les taux d'incidence de ce cancer sont en hausse dans le pays, notamment chez les femmes noires. L'étude se fonde sur les données de près de 33 500 Américaines, recrutées entre 2003 et 2009 et suivies sur quasiment onze années. Au total, 378 femmes ont développé un cancer de l'utérus. Pour les femmes n'ayant jamais utilisé de produits de lissage capillaire, le risque de développer un cancer de l'utérus d'ici leurs 70 ans est de 1,64 %, contre 4,05 % pour les femmes utilisatrices fréquentes, a détaillé dans un communiqué Alexandra White, principale autrice de l'étude. « Parce que les femmes noires utilisent des produits de lissage ou de défrisage plus fréquemment et ont tendance à commencer plus jeunes (...), ces résultats pourraient être particulièrement intéressants pour elles », a souligné Che-Jung Chang, co-autrice de ces travaux. Dans le cadre de cette étude, environ 60 % des femmes ayant dit utiliser des produits de défrisage dans l'année se sont déclarées noires. Les chercheurs-ses n'ont pas récolté d'informations sur les produits et les marques spécifiquement utilisés. Mais ils-elles relèvent que plusieurs produits chimiques fréquemment utilisés pourraient contribuer à l'augmentation du risque de cancer : parabènes, bisphénol A, métaux ou encore formaldéhyde. Le formaldéhyde, communément appelé formol, peut notamment être utilisé pour les lissages dits brésiliens — à des taux limités dans certains pays, dont la France. Il est classé comme cancérogène. Un autre mode d'action potentiel pourrait être la perturbation des mécanismes hormonaux. De précédents travaux menés par Alexandra White avaient déjà soulevé un lien entre produits défrisants et risque accru de cancer du sein et des ovaires. Durant l'étude, aucune association similaire entre cancer de l'utérus et d'autres techniques comme les teintures, décolorations ou permanentes n'a été observée. Les produits de défrisage pourraient favoriser l'absorption des produits chimiques via des lésions ou brûlures causées sur le cuir chevelu, ou par l'utilisation conjointe de fers à lisser dont la chaleur décompose les produits chimiques.