Dépistage très peu fréquent du VIH

20 Avril 2023
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En Europe, les rapports sexuels entre hommes sont le principal mode de transmission du VIH et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sont la population qui constitue la majeure partie de l'épidémie de VIH non diagnostiquée. Parmi les HSH en France, le délai moyen entre l'infection et le dépistage est trop long, ce qui conduit à un diagnostic tardif. Une meilleure compréhension du dépistage très peu fréquent du VIH (une personne qui n'a pas été testée depuis au moins six ans) pourrait aider à atteindre les HSH infectés depuis longtemps sans le savoir. C’est l’objet d’une étude française menée par Renaud Mabire-Yon, psychologue de la santé et doctorant en psychologie sociale à l’Institut de psychologie - Université Lumière Lyon 2. L’étude a été publiée le 16 février 2023 dans la revue scientifique Sage Journals. Renaud Mabire-Yon et ses collègues ont lancé une enquête nationale en ligne en France entre le 20 octobre 2019 et le 20 février 2020. Le lien vers l'enquête a été diffusé sur Facebook, Twitter et Hornet. Pour inclure les personnes qui n'ont pas eu de relations sexuelles homosexuelles depuis longtemps, les participants devaient faire état d'au moins une expérience sexuelle avec un homme au cours de leur vie. Ils devaient également déclarer n'avoir jamais eu de résultats positifs au test de dépistage du VIH. En France, la Prep est conditionnée à un dépistage du VIH tous les trois mois. Par conséquent, les usagers de Prep ont été exclus de l'analyse. Les personnes âgées de moins de 21 ans ont également été exclues afin d'éviter de classer à tort les personnes qui ont commencé à être sexuellement actives récemment comme des personnes qui ont un recours très peu fréquent au dépistage du VIH. Au total, 315 HSH qui correspondaient à ces critères ont répondu à l’enquête. Parmi eux, 11,1 % (35 personnes) étaient dans la catégorie des dépistages du VIH très peu fréquents, dont 16 personnes qui n’avaient jamais fait de dépistage du VIH. Plus d'un tiers des participants (36 %) étaient âgés de 21 à 30 ans, 32 % avaient entre 31 et 40 ans, 22 % avaient entre 41 et 50 ans et 11 % avaient plus de 50 ans. Le fait d'avoir plus de 50 ans, de ne pas connaître l'existence de l'autotest du VIH, d'avoir des amis majoritairement hétérosexuels, et le niveau de croyance en l'efficacité du Tasp (charge virale indétectable = zéro transmission du VIH) étaient significativement associés au fait d’avoir un recours très peu fréquent au dépistage du VIH. Les résultats de cette étude montrent que pour atteindre les HSH qui se font rarement dépister pour le VIH, il faut améliorer les campagnes de prévention. Renaud Mabire-Yon et ses collègues appellent à développer des campagnes qui opèrent à plusieurs niveaux. Au niveau sociétal, lutter contre la stigmatisation du VIH et de l'homosexualité peut faciliter l'accès au dépistage du VIH pour les HSH éloignés de la communauté gay et qui ont des amis principalement hétérosexuels. Au niveau institutionnel et individuel, une large promotion de la prévention diversifiée (le Tasp, la Prep et les autotests VIH) est préconisée.