Dette : l’Onusida s’inquiète

25 Octobre 2022
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Le poids de la dette. Les investissements dans la lutte contre le VIH/sida, la Covid-19 et plus largement la santé mondiale sont en danger avec la crise de la dette qui menace le continent africain et les pays en développement. L’avertissement vient de l’Onusida qui a récemment relevé qu’en 2020, les pays très endettés ont déjà consacré quatre fois plus de leurs revenus au remboursement de leur dette qu’aux financements dans la santé. Dans un rapport, l’Onusida note que la Covid-19 (à partir de 2020) et la crise de la dette, aujourd’hui aggravée par les conséquences de la guerre en Ukraine, ont créé un « recul sans  précédent dans le domaine de la santé mondiale ». « Cette situation met en péril la riposte mondiale au sida, risquant de provoquer 7,7 millions de décès liés au sida d’ici à 2030. La crise de la dette et la guerre en Ukraine ont aggravé la crise budgétaire des pays en développement, sapant gravement leur capacité à investir dans la santé », explique l’institution dirigée par Winnie Byanyima. La situation se résume à cette équatation : « En 2020, pour chaque dix dollars disponibles, quatre dollars ont été consacrés au service de la dette, et seulement un dollar a été investi dans la santé ». De surcroît, le rapport de l’Onusida montre que les pays les plus touchés en termes économiques par la Covid-19 sont les pays les plus endettés — ce sont aussi les pays les plus touchés par le VIH. Ainsi, sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH, 26 millions se trouvent dans des pays en développement et deux tiers dans des pays qui n’ont bénéficié d’absolument aucun allègement de la dette. En 2021, les ressources internationales consacrées au VIH ont été inférieures de 6 % à celles de 2010. Quelles sont les perspectives ? Elles ne sont pas bonnes. La Banque mondiale prévoit que, sans même tenir compte des derniers chiffres, les dépenses de santé de 110 pays en 2027 seront soit inférieures aux niveaux de 2019, soit légèrement supérieures. Seuls, 67 pays dépasseront les niveaux d’investissement en santé de 2019. Dans le même temps, les dernières prévisions du FMI (Fonds monétaire international) annoncent un ralentissement de la croissance économique, une hausse de l’inflation et une aggravation des risques d’endettement, ce qui laisse les investissements dans la santé et le VIH gravement menacés. « En moyenne, les niveaux de la dette publique dans les pays à revenu faible et intermédiaire sont passés de 55 % à 63,8 % du PIB entre 2019 et 2020, ce qui équivaut à un montant stupéfiant de 2 300 milliards de dollars, et continuent de grimper en flèche », précise le rapport. Pour les pays à faible revenu (PFR), la dette totale est estimée à 87 % du PIB. En conséquence, la proportion de PFR en situation de surendettement, ou à haut risque de surendettement, a doublé pour atteindre 60 % par rapport aux niveaux de 2015. « Les pays les plus pauvres dépensent beaucoup plus pour rembourser leurs énormes dettes aux riches créanciers de New York et de Londres qu’ils ne peuvent le faire pour protéger leur population des maladies », déplore l’ONG Oxfam. « C’est une situation épouvantable, d’autant plus épouvantable qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. L’inégalité est un choix politique, pas une fatalité », a conclu Max Lawson, responsable de la politique et du plaidoyer en matière d’inégalités à Oxfam International.