Deux transgenres au Parlement

12 Juillet 2021
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Salma Luévano, coiffeuse de profession, et Maria Clemente Garcia, chauffeure de taxi, vont faire leur entrée comme députées à la Chambre des députés-es du Mexique, le 1er septembre prochain. Elles sont les deux premières élues transgenres à faire leur entrée au Parlement, dans ce pays, indique l’AFP. Salma Luévano est une militante chevronnée et acharnée, ce qui lui a valu d'être détenue arbitrairement par la police de la ville conservatrice d'Aguascalientes (centre du pays) au début des années 1990, pour « attentat à la pudeur ». Motif, à 17 ans, Salma Luévano portait des vêtements féminins, ce que la police lui interdisait. Au Congrès mexicain, elle compte utiliser son expérience personnelle pour améliorer la situation de la communauté LGBTQI+ dans son pays. « C'est un grand message pour notre population qui a été discriminée pendant des décennies », a d’ailleurs expliqué à l’AFP, cette élue de 52 ans. Au cours des trois dernières décennies, elle s'est battue pour la diversité sexuelle, obligeant ainsi les partis à inclure des membres de la communauté LGBT dans leurs listes de candidats-es aux élections du 6 juin. Diplômée en administration des affaires et étudiante en littérature, Maria Clemente Garcia n’a, elle, pas pu travailler comme elle le souhaitait du fait des discriminations dont sont victimes les personnes trans. Jusqu'à récemment, cette militante de gauche gagnait sa vie comme chauffeure de taxi à Mexico. « C'est historique », s’est félicité cette nouvelle élue, âgée de 36 ans. « Il est normal que les femmes trans fassent partie du processus décisionnel du pays », a-t-elle ajouté. Les deux élues devront compter sur leur courage pour changer la situation plus que problématique des personnes trans. En raison des violences dont elles sont victimes, l'espérance de vie des personnes transgenres au Mexique est de 35 ans, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme, contre 77 ans pour l'ensemble de la population. En nombre de victimes, le Mexique est le deuxième pays le plus meurtrier pour les personnes transgenres après le Brésil, selon les ONG Letra S et Transgender Europe. En 2020, 43 « transféminicides » ont été enregistrés dans le pays, sur 79 meurtres de personnes LGBT, contre 117 en 2019, une baisse que Letra S attribue aux restrictions dues à la pandémie de Covid-19. En tant que nouvelle parlementaire, Maria Clemente Garcia propose de modifier le premier article de la Constitution, qui interdit la discrimination fondée sur la « préférence sexuelle » pour une interdiction de la discrimination fondée sur « l’orientation, l’identité et l’expression sexuelles ». Elle compté également faire pression pour la création de la première clinique assurant une prise en charge globale aux personnes transgenres. « Nous ne sommes pas les égaux-les des gays ou des lesbiennes, nous ne vivons pas de la même manière et parfois nous sommes même en retard dans les revendications », a commenté la députée. Le 6 juin dernier, la candidate transgenre Fernanda Félix a également été élue députée suppléante du Movimiento Ciudadano (social-démocrate). Jusqu'à présent, une seule femme transgenre, Rubí Araujo, avait remporté un mandat au Mexique en tant que conseillère municipale dans la ville de Guanajuato (centre) en 2016. Plus de 100 candidats-es de la communauté LGBTQI+, dont une quarantaine de candidats-es transgenres, ont participé aux dernières élections législatives et locales dans le pays.