Discrimination à l’embauche

4 Février 2023
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Entrer dans la fonction publique constituerait-il un véritable parcours du-de combattant-e ? Malgré une mobilisation accrue des pouvoirs publics, des discriminations à l'embauche persistent dans le secteur public, notamment pour les candidats-es au nom supposément étranger, explique l’AFP.  Coprésident de l'association La Cordée, qui présentera mardi 24 janvier à l'Assemblée nationale une trentaine de propositions pour accroître la diversité sociale dans la fonction publique, Damien Zaversnik juge les biais de recrutement « intolérables pour un service public ». Plus de 200 ans après la consécration du principe d'égal accès aux emplois publics par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la réalité est parfois tout autre lors des entretiens d'embauche. C'est par exemple « la personne qui a un accent et à qui on va demander d'où elle vient », illustre Damien Zaversnik. Ou encore la candidate voilée à qui le jury va « poser des questions sur l'islamisme ou le terrorisme », ajoute-t-il, cité par l’AFP. Dans un dossier paru en 2022 et consacré à la diversité dans la fonction publique, trois chercheurs-ses ont identifié un biais qui fausse particulièrement les processus de recrutement. « Le critère de l'origine supposée » du-de la postulant-e le-la pénalise, explique Yannick L'Horty, l'un-e des auteurs-rices de l'étude. Pour arriver à cette conclusion, les trois chercheurs-ses ont analysé les réponses à près de 2 600 offres d'emploi pour des postes de cadre administratif et d'aide-soignante – deux métiers qui connaissent des difficultés de recrutement et où les employeurs-ses sont donc plus réticents-es à refuser une candidature. Résultat : les candidats-es dont le nom a une consonance supposément maghrébine sont moins souvent rappelés-es par le-la recruteur-se ou conviés-es à un entretien d'embauche que les candidats-es dont le nom est supposé français. En d'autres termes, un-e postulant a 21 % de chances en moins d'être « recruté-e comme cadre public avec un nom à consonance maghrébine », selon La Cordée. Dans leur étude de 2022, les trois chercheurs-ses relèvent que les discriminations à l'embauche sont « plus rares dans la fonction publique de l'État » (agents-es des ministères, de l'enseignement, juges...) et « plus fréquentes » dans les hôpitaux et les collectivités locales. Des discriminations persistantes en raison de l'origine supposée sont également constatées dans le recrutement des entreprises privées. Public et privé confondus, « trois critères sont les plus pénalisants » pour les candidats-es, affirme Yannick L'Horty : « l'origine d'Afrique du Nord ou subsaharienne, la situation de handicap et la parentalité. Pour le chercheur, il existe un « contraste très net entre la masse d'actions déployées » par les gouvernements successifs [pour lutter contre ces discriminations, ndlr] et les rares évaluations de leur efficacité. Malgré son ambition d'exemplarité, le secteur public n'est en tout cas pas « systématiquement abrité du risque de discrimination », estime-t-il.