Discriminations des femmes à l’emploi

24 Novembre 2018
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Une femme qui postule à un emploi considéré comme typiquement masculin, comme mécanicien automobile, a 22 % de chances en moins qu'un homme, à compétences et qualifications égales, de se voir proposer un entretien d'embauche, selon un « testing » rendu public le 5 novembre dernier. Cette inégalité des chances atteint même 35 % pour un poste de chauffeur-livreur, selon cette étude réalisée après de 451 employeurs d'Île-de-France avec le concours de l'Observatoire des discriminations de la Sorbonne. « Ce sont des chiffres énormes ! Et encore, c'est la partie émergée de l'iceberg, car nous n'avons pas testé ce qui se passerait ensuite, pendant l'entretien d'embauche », a commenté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, à l'origine de ce testing, citée par l’AFP. Pour lutter contre la persistance des inégalités, « nous disons habituellement aux femmes qu'elles doivent se battre pour un meilleur salaire, pour pouvoir travailler à temps plein, et pour aller vers d'autres métiers que ceux, peu valorisés et mal payés, où elles sont souvent cantonnées », rappelle la militante féministe. « Or, il y a de vrais obstacles à leur entrée dans des univers professionnels où on ne les attend pas », relève-t-elle.  Les auteurs de l'étude ont répondu à 451 offres d'emplois : 173 pour un poste de chauffeur-livreur, 185 pour un emploi de mécanicien automobile et 93 pour un poste de jardinier — des secteurs où les patrons peinent à recruter. À chaque offre, ils ont répondu en envoyant les CV de deux demandeurs d'emploi fictifs, Julie et Thomas (en veillant à que le dossier de Julie parvienne en premier au recruteur), explique l’AFP. Les deux candidats ont le même âge, des diplômes et expériences professionnelles similaires. Pourtant, Thomas a été recontacté en vue d'un entretien par 168 entreprises ou collectivités, et Julie par 131 seulement. La prochaine étape « consistera au lancement de poursuites judiciaires », de telles discriminations à l'embauche en fonction du sexe étant passibles de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende, a averti la Fondation des femmes, qui a lancé un appel à témoignages.