DMP : encore une nouvelle relance !

Après dix ans d'atermoiements, le dossier médical personnel (DMP) doit faire peau neuve dans le futur projet de loi de Santé, débattu début 2015. Marisol Touraine a, en effet, décidé, de relancer ce carnet de santé numérique coûteux au succès mitigé, comme le rappelle l’AFP. Confié lors de son lancement à l'Agence des systèmes d'information partagées de santé (Asip), le DMP doit passer dans le giron de l'Assurance maladie, "mieux à même d'en assurer le déploiement", selon le projet de loi. "Recentré", "mieux identifié" et rebaptisé, le "dossier médical partagé" (DMP… toujours) va être relancé, concentré sur les malades qui ont des maladies chroniques", a annoncé la ministre de la Santé. "Il sera matériellement plus simple, conçu à partir des demandes des professionnels de santé" pour favoriser leur "coordination et leur coopération", a-t-elle dit, citée par l’AFP. L'enjeu est de taille. Le DMP d'origine reste boudé par les praticiens et méconnu des personnes malades. Résultat ? Environ 495 000 dossiers seulement avaient été ouverts depuis 2011… alors que la mise en œuvre du DMP aurait déjà coûté près d'un demi-milliard d'euros depuis 2004 ! Aujourd'hui, les DMP sont plutôt vides, avec environ cinq documents en moyenne, selon l'Asip. Seuls 6 000 professionnels de santé l'utiliseraient. Cet échec est imputable à un manque de "stratégie publique suffisamment claire", comme le pointe Anne Monnier, de l'Asip. Selon elle, le déploiement du dispositif nécessite du temps car il implique de profonds "changements culturels" dans la façon dont les professionnels de santé, qui craignent le jugement de leurs pairs, collaborent. Ces regrets sont partagés par Christian Saout, ancien président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), cité par l’AFP. "Il n'y avait pas grand chose à faire pour que ça marche. Dire que parce qu'on change le nom et la gestion "ça va marcher", cela me paraît un peu court", affirme-t-il.