Doxyvac : des résultats à réévaluer

10 Juin 2023
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Dans un communiqué de presse (15 mai), l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes annonce que « l’analyse finale  [de l’essai Doxyvac, ndlr], est susceptible de modifier les résultats intermédiaires de l’essai évaluant l’efficacité de la vaccination contre le méningocoque B pour la prévention des infections à gonocoques ». Petit retour en arrière : lundi 20 février 2023, deuxième jour de la Croi 2023 à Seattle (la plus grande conférence américaine sur le VIH), le Pr Jean-Michel Molina (département des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis et Lariboisière, AP-HP et Université Paris Cité) présente l'essai ANRS Doxyvac, mené par une équipe de recherche de l’AP-HP, d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de Sorbonne Université, en collaboration avec AIDES et Coalition Plus. L’essai a évalué à la fois l’efficacité de la vaccination contre le méningocoque B (par le vaccin Bexsero) sur le gonocoque et l’efficacité de la Doxypep (doxycycline post-exposure prophylaxis) sur les IST. Cette étude est conduite depuis janvier 2021 chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), très exposés au risque d’IST et ayant présenté au moins une IST dans l’année précédant leur participation à l’étude. Ces hommes participent, par ailleurs, à la cohorte ANRS Prevenir sur la Prep VIH. Le méningocoque B (Neisseria meningitidis) est une bactérie qui peut être à l’origine de méningites. C’est un peu le cousin du gonocoque (Neisseria gonorrhoeae). D’après les données présentées à la Croi 2023, le groupe recevant le vaccin Bexsero contre le méningocoque B présentait une réduction significative du risque d’infection par le gonocoque avec un taux d’efficacité de 51 %. Mais rebondissement le 15 mai dernier avec ce communiqué de l’ANRS | MIE : « L’efficacité d’un vaccin contre le méningocoque B (Bexsero) pour réduire le risque d’infections à gonocoques, telle qu’annoncée en février 2023 sur la base d’une analyse intermédiaire des résultats de l’essai ANRS Doxyvac, est remise en question lors de l’analyse finale. En effet, une discordance entre l’analyse intermédiaire et les données finales a été identifiée », annonce l’Agence de recherche. « Cette discordance ne remet pas en cause les autres données présentées quant à l’efficacité de la doxycycline en prévention des infections sexuellement transmissibles. Elle ne concerne pas non plus les données de tolérance de la vaccination. L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes a décidé de réaliser un audit indépendant dans les plus brefs délais avant de communiquer des résultats finaux consolidés », précise l’Agence.