Drogue : sortir du stigmate

15 Mars 2023
795 lectures
Notez l'article : 
0
 

Dans une tribune publiée dans Libé (4 mars), un collectif de personnalités engagées dans la réduction des risques liée à la drogue appelle à une prise de conscience sur la question des addictions qui devraient devenir une priorité des politiques publiques. Parmi les signataires, on retrouve William Lowenstein (président de SOS Addictions, coprésident du Groupe Santé Addictions), Anne Souyris (adjointe à la maire de Paris en charge de la santé), Jean-Maxence Granier (président d’Asud), Caroline Janvier (députée du Loiret, rapporteure de la Commission des affaires sociales), Fabrice Olivet (directeur d’Asud), Camille Spire (présidente de AIDES) ou encore Jean-Luc Romero-Michel (adjoint à la Maire de Paris en charge des Droits humains, de l’Intégration et de la Lutte contre les discriminations). Une tribune en réaction au traitement médiatique souvent problématique de l’affaire Palmade : « L’accident tragique dans lequel est impliqué le comédien Pierre Palmade, au-delà du drame insondable pour les victimes, a ouvert le champ des commentaires et des remarques que nous n’aurions jamais imaginé entendre dans le débat public », déplore le collectif. Au-delà du fait divers tragique de l’affaire Palmade, les signataires de la tribune expliquent que les addictions concernent « tout le monde » et ils-elles déplorent une politique des drogues majoritairement basée sur le répressif. « Nous appelons à un sursaut : les objectifs de santé publique doivent être décidés par le ministère de la Santé [et de la Prévention, ndlr] et non par les ministères de l’Économie [pour les douanes, ndlr] ou de l’Intérieur, même si ce dernier doit bien sûr continuer de travailler sur la répression des trafics », exhorte le collectif. « Les drogues et les dépendances sont inhérentes à notre société : il faut vivre avec, assumer de vouloir en réduire les risques plutôt que de faire disparaître des usages qui continueront, qu’on le veuille ou non. Nous devons étudier la piste si souvent restée suspendue de la dépénalisation de l’usage des drogues. Elle permettrait plus de prévention et une meilleure prise en charge », soulignent les signataires de la tribune. Pour ces derniers-ères, il est crucial de « sortir du stigmate et du tabou qui empêchent les personnes en situation d’addiction d’être prises en charge ». Mais pour mener une vraie politique de prévention et de réduction des risques (RDR), il faut une volonté politique et des moyens : « Commençons par allouer majoritairement les fonds de concours (issus des saisies de drogues) à la prévention et à la réduction des risques : actuellement, seulement 10 % d’entre eux seulement y sont dédiés ». Et les auteurs-rices de la tribune de plaider pour un débat national type « CNR [Conseil national de la refondation, ndlr] sur la lutte contre les addictions » : « Ce débat doit avoir lieu avec les acteurs de santé, les usagers-es de drogues, les élus-es de terrain et les citoyens-nes. Les recommandations qui en seront issues doivent être discutées au parlement (…). C’est à ce prix que nous établirons un nouveau contrat social autour de la lutte contre les addictions à la fois efficace, humaine et réaliste ».