Drogues : les eaux usées parlent

28 Août 2012
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Comment connaître la consommation de drogues sans s’intéresser à la police, aux médecins et sans interroger les personnes consommatrices ? Eh bien en examinant les eaux usées. C’est ce qu’a réalisé une étude inédite qui a comparé les traces de drogues retrouvées dans les eaux usées de 19 villes. Publiée (26 juillet) dans la revue "Science of the Total Environment", cette étude inédite menée dans 11 pays européens est "la première" de cette ampleur au niveau du continent selon ses auteurs, cités par l’AFP.  Elle vise à valider une approche plus "objective" de la consommation de drogues, jusqu'ici principalement évaluée grâce à des questionnaires. Dans 19 villes, des grandes comme Londres, Paris, Barcelone et Milan et des plus modestes comme Castellon (Espagne), Anvers (Belgique), Utrecht (Pays-Bas) et Umea (Suède), des équipes ont analysé les eaux usées arrivant aux stations d'épuration locales pendant une semaine entière, en mars 2011. Ils y ont mesuré les marqueurs urinaires de plusieurs drogues et ont comparé les taux par habitant : cocaïne, ecstasy (ou MDMA), amphétamine, méthamphétamine et cannabis. Qu’apprend-on ? Au regard des résultats, la consommation de cocaïne apparaît ainsi plus importante en Europe de l'ouest et centrale, avec les taux par habitant les plus élevés détectés à Anvers, Amsterdam et Valence (Espagne). A l'exception de quelques cas particuliers, ces résultats confirment les données obtenues par les questionnaires, soulignent les chercheurs.  Concernant l'ecstasy, les traces les plus importantes ont été retrouvées dans les eaux des villes néerlandaises (Amsterdam, Eindhoven, Utrecht) ainsi qu'à Anvers et Londres. L'Europe du Nord se distingue pour sa part en ce qui concerne la consommation d'amphétamines.  Concernant le cannabis, les villes des Pays-Bas, où la consommation est tolérée dans les coffee shops, sont sans surprise également en tête, mais des niveaux également significatifs ont été détectés à Paris et dans les villes espagnoles de Barcelone, Castellon et Saint-Jacques-de-Compostelle. Ces analyses confirment par ailleurs que la consommation de cocaïne et d'ecstasy est nettement plus marquée le week-end qu'en semaine dans la majorité des villes suivies.