Drogues : Macron sévit !

25 Avril 2021
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Comme d’habitude ! Interview fleuve sur la sécurité pour Emmanuel Macron dans les colonnes du Figaro (18 avril). Qui dit sécurité… dit drogues, semble-t-il. Le chef de l’État a, en effet, expliqué son souhait de « lancer un grand débat national sur la consommation de drogue » et à « ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue » afin de « faire reculer la délinquance », indique l’AFP. « La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères », a déclaré Emmanuel Macron, orientant, de fait, le débat. Et le président d’expliquer que « ceux qui prennent de la drogue - et cela concerne toutes les catégories sociales - doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité... ». Emmanuel Macron reconnaît que les trafics de stupéfiants « explosent » et considère qu’ils « forment la matrice économique de la violence dans notre pays ».  « Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout », a –t-il souligné. Il affirme que le gouvernement entend passer « à la vitesse supérieure » avec l’objectif de « harceler les trafiquants et les dealers ». « Sur les 4 000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1 000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie ! ». Il ajoute que « 70 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre ». « Ça veut dire quelque chose de clair : si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force », explique-t-il. Enfin, « dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge » : « Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures ». Bon, l’interview n’est pas celle de Gérald Darmanin, mais bien celle du chef de l’État. Elle indique clairement que le prétendu débat sur la drogue est mort-né. On voit mal et choisissant ces termes et ses arguments comment il serait possible de parler de légalisation, de dépénalisation… deux concepts qui semblent bannis de ce débat. Le propos présidentiel ne porte que sur le répressif, n’évoque pas une seule fois la prévention, le soin. Il ne dresse pas davantage le bilan pourtant désastreux de la loi de 70 et nous fait faire un sacré bon en arrière. Au passage, il flingue le travail parlementaire en cours et va à rebours des pistes repérées suit à la grande consultation citoyenne lancée sur le sujet. Retour au simplisme pour le roi de la pensée complexe.