Échec de l'hydroxychloroquine

12 Juin 2020
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L'hydroxychloroquine ne montre « pas d'effet bénéfique » pour les malades hospitalisés pour Covid-19, selon les responsables de l'essai clinique britannique Recovery. Ces derniers qui ont annoncé vendredi 5 juin, l'arrêt « immédiat » de l'inclusion de nouveaux patients pour ce traitement. La nouvelle est importante car Recovery est le premier essai clinique majeur à livrer des résultats très attendus. De surcroît, il était l'un des seuls à n'avoir pas suspendu ses tests sur l'hydroxychloroquine après les résultats controversés de l’étude publiée dans The Lancet, le 22 mai dernier (retirée depuis pour des problèmes de méthodologie). Après une analyse des premiers résultats, « nous avons conclu qu'il n'y a pas d'effet bénéfique de l'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés avec le Covid-19 », ont indiqué les chercheurs-euses dans un communiqué, cité par l’AFP. « Nous avons donc décidé d'arrêter le recrutement de participants pour le bras [partie d'un essai qui concerne un traitement en particulier, ndlr] hydroxychloroquine de l'essai Recovery, avec effet immédiat », ont-ils ajouté. Ils ont précisé qu'ils avaient décidé de rendre publics ces « résultats préliminaires parce qu'ils ont des conséquences importantes pour la prise en charge des patients et la santé publique ». Recovery est un essai clinique contrôlé et randomisé (participants-es aux différents groupes comparés choisis par tirage au sort), méthode d'expérimentation considérée comme la plus solide pour tester des médicaments. Recovery est mené au Royaume-Uni sur plus de 11 000 personnes de 175 hôpitaux pour évaluer l'efficacité de plusieurs traitements contre le Covid-19. L’étude est poursuivie sur les autres pistes de traitement comparées. La partie hydroxychloroquine a concerné 1 542 patients-es ayant reçu la molécule, comparés à 3 132 patients-es ayant bénéficié d'une prise en charge standard. Les chercheurs-euses concluent qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes ni pour la mortalité à 28 jours, ni pour la durée d'hospitalisation. « C'est décevant que ce traitement soit inefficace, mais cela nous permet de nous concentrer sur les soins et la recherche sur des médicaments plus prometteurs », a commenté Peter Horby, principal responsable de l'essai. Alors que ce traitement a été prescrit massivement dans de nombreux pays « en l'absence d'information fiable », « ces résultats devraient changer les pratiques médicales à travers le monde et prouver l'importance des essais randomisés à large échelle pour permettre de prendre des décisions sur l'efficacité et l’innocuité de traitements », a ajouté son adjoint Martin Landray.