Egypte : nouvelle peine de prison marquée par l’homophobie

14 Novembre 2014
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Un tribunal du Caire a condamné (1er novembre) à trois ans de prison huit jeunes hommes accusés d'être apparus dans une vidéo d'un "mariage gay" largement relayée sur les réseaux sociaux. Cette affaire a suscité les critiques d'organisations de défense des droits de l'Homme. Les huit Egyptiens, arrêtés en septembre dernier, étaient poursuivis pour "incitation à la débauche" et "publication d'images indécentes" mais le tribunal n'a retenu que ce dernier chef d'inculpation, a indiqué à l'AFP une avocate de la défense. La vidéo montre un couple gay célébrant, sur un bateau au Caire, leur union en petit comité, échangeant des alliances et entourés d'amis. Les huit hommes ont écopé de la peine maximale dans ce genre d'affaires. Ils seront soumis à un contrôle judiciaire durant trois ans à l'expiration de leur peine. La défense fera appel du verdict, a annoncé une des avocates des huit hommes. Les huit hommes ont dû passer des examens médicaux controversés "censés déterminer s'ils sont homosexuels". "Cet examen médical a montré que les huit accusés n'ont pas eu de pratiques homosexuelles", avait récemment indiqué à l'AFP le porte-parole du département médico-légal du ministère de la Justice, Hesham Abdel Hamed. Comme le rappelle l’AFP, la loi égyptienne n'interdit pas formellement l'homosexualité, mais plusieurs personnes ont été condamnées pour "débauche" ces dernières années, accusées d'avoir pris part à des fêtes rassemblant des homosexuels. En 2013, un sondage réalisé par le centre de recherches américain Pew révélait que seuls 3 % des Egyptiens estimaient que "la société devait accepter l'homosexualité". Le verdict a été vivement critiqué par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW). Cette décision "est un nouveau signe que le nouveau gouvernement poursuivra n'importe qui pour essayer de se renforcer," affirme dans un communiqué Graeme Reid, le directeur de HRW. L'ONG avait déjà dénoncé les "tests médicaux" imposés aux prévenus, considérant que ceux-ci "violaient les normes internationales contre la torture".