Etats-Unis : greffe de foie entre personnes vivant avec le VIH

11 Avril 2016
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Des médecins américains ont annoncé qu'ils avaient réalisé la première greffe de foie au monde entre deux personnes vivant avec le VIH, trois ans après la levée de l'interdiction aux Etats-Unis de procéder à de telles interventions. Selon l’AFP, cette greffe a eu lieu mi mars à l'hôpital universitaire Johns Hopkins Medicine à Baltimore. "C'est un jour très enthousiasmant pour nous", a indiqué Dorry Segev, professeur de chirurgie, lors d'une conférence de presse. "Mais ce n'est vraiment que le début". Le foie a été greffé chez une personne qui vit avec le VIH depuis plus de vingt ans. L’organe provient d’une donneuse, elle-même séropositive au VIH. Un rein prélevé sur la même donneuse a été greffé sur un autre patient vivant également avec le VIH. Les deux patients récupèrent bien après ces opérations chirurgicales, a fait savoir l'équipe médicale. Jusqu’en 2013, la législation américaine interdisait toute greffe d'organes prélevés sur une personne séropositive pour le VIH. Cela a changé avec l’adoption de la loi Hope promulguée en 2013 par le président Obama. Les personnes vivant avec le VIH avaient la possibilité de recevoir des organes provenant de donneurs séronégatifs, mais les donneurs d’organes sont trop peu nombreux et les demandes fortes : 122 000 personnes sont actuellement inscrites en liste d'attente aux Etats-Unis. L'annonce de ces greffes a été saluée par des organisations militantes, comme la HIV medicine association (Hivma). "Pour les patients vivant avec le VIH, des donneurs décédés porteurs de la même infection constituent une source unique d'organes, ce qui pourrait sauver la vie de centaines de malades séropositifs affectés par des défaillances rénales et hépatiques", a indiqué Carlos del Rio, président du conseil du Hivma. "Nous avons hâte que cette percée médicale offre de l'espoir à davantage de personnes qui vivent avec le VIH en ayant besoin d'une greffe", a-t-il ajouté. Donner un organe à sa mort lorsqu’on est séropositif pour le VIH à une autre personne vivant avec le VIH… C’est ce que défendent, en France, deux collectifs, le TRT-5 et le Collectif hépatites virales (CHV), qui soutiennent deux idées : la révision du score Meld (1) pour les personnes co-infectées VIH et VHC et la possibilité de pouvoir faire des greffes entre séropositifs, c'est-à-dire prélever des organes sur des personnes séropositives décédées (et consentantes avant leur mort) et les greffer à des séropositifs ayant besoin d’une greffe (foie, rein, etc.). Cette dérogation de dons d’organes VIH+ permettrait de pouvoir greffer plus tôt les séropositifs pour le foie et les reins, d’éviter une partie des 30 % de décès sur la liste d’attente, d’avoir peut-être de meilleurs résultats en terme de survie des personnes co-infectées greffées, d’augmenter le pool de greffons disponibles et de libérer des places sur la liste d’attente de greffes. Cette disposition n’existe pas encore en France.

(1) : Le score Meld (en anglais : Model for end-stage liver disease) est un système de notation pour évaluer la gravité d'une maladie chronique du foie. C’est un des critères médicaux pour la greffe du foie.