Exclure les lesbiennes n'est pas discriminer

10 Octobre 2018
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Une récente décision du Conseil d’État (début octobre) juge qu'il n'y a rien de contraire au principe d'égalité devant la loi dans le fait de refuser d'accorder à un couple de femmes une procréation médicalement assistée. La plus haute juridiction administrative juge dans cet arrêt que « la différence de traitement [...] entre les couples formés d'un homme et d'une femme et les couples de personnes de même sexe [...] n'est pas contraire au principe d'égalité ». Pour les juges, « le principe d'égalité ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général ». Le Conseil d'État avait été saisi début juillet d'une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par un couple de femmes après que le CHU de Toulouse leur a refusé leur demande de PMA en avril dernier. Le couple de femmes, dont les problèmes d'infertilité ont été médicalement diagnostiqués, estime que la loi actuelle, qui réserve la PMA aux couples hétérosexuels infertiles ou risquant de transmettre une maladie à l'enfant, « méconnaî[t] le principe d'égalité devant la loi », selon l'arrêt du Conseil d'État, indique l’AFP. Pour le couple de femmes, cette « différence de traitement entre les couples souffrant d'une infertilité médicalement diagnostiquée, selon qu'ils sont de même sexe ou de sexe différent », n'est pas justifiée. « C'est une décision invraisemblable », a réagi auprès de l'Agence France-Presse Caroline Mécary, l'avocate du couple. C'était au Conseil constitutionnel de dire si la loi était discriminatoire ou non. » En refusant de transmettre cette QPC aux sages, « le Conseil d'État a outrepassé ses pouvoirs et s'est érigé en censeur », estime-t-elle. Cette décision tombe évidemment très bien pour la manif pour tous, la question de l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires « n'est donc pas une réponse à un problème de discrimination ni une mesure d'égalité », s'est rengorgée Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous. Dans un rapport rendu en juillet dernier sur la révision des lois de bioéthique, le Conseil d'État avait choisi ne pas prendre parti : « Rien n'impose au législateur d'ouvrir aux couples de femmes et aux femmes seules » l'accès à la PMA, mais rien n'impose non plus le « statu quo », avaient écrit les juges.  Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a rendu, fin septembre, un avis favorable à l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Le gouvernement doit déposer un projet de loi bioéthique qui va dans ce sens avant la fin de l'année, en vue d'un débat au Parlement début 2019.