Excrétion virale confirmée

13 Avril 2020
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Les personnes asymptomatiques peuvent-elles transmettre la maladie ? Une équipe de l'Inserm, dirigée par Xavier Duval (1), s'attelle à y répondre depuis fin janvier et l'apparition des premiers cas en France, rappelle le Quotidien du Médecin. Les premiers résultats tendent en effet à confirmer ce phénomène, et soulignent ainsi l'intérêt des mesures de confinement. La question de la transmission du Sars-CoV-2 qui cause l'infection à Covid-19 par une personne sans symptômes est particulièrement importante actuellement, afin d’adapter au mieux les mesures de prévention et de lutte contre l’épidémie de Covid-19. « Les premières données internationales suggèrent en effet l’existence de porteurs du Sars-CoV-2 qui ne présentent pas ou très peu de symptômes, mais qui excrètent des particules virales au niveau de leur salive et de leurs fosses nasales. Si elles ne sont pas isolées, ces personnes peuvent sans le savoir transmettre le virus à d’autres, susceptibles quant à elles de développer une forme clinique, parfois grave, de la maladie », explique l'Inserm dans un communiqué. Le professeur Xavier Duval et son équipe ont souhaité étudier ce risque. « Ils ont élaboré un protocole de recherche promu par l’Inserm, et ce dès la fin du mois de janvier. Le virus ne circulait alors pas encore activement sur le territoire français. À l’époque, le mot d’ordre était d’identifier toutes les personnes ayant été en contact proche avec un cas confirmé, afin de les isoler et de limiter la transmission du virus dans la communauté », rappelle l'institut de recherche. Cela a été le cas aux Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, où fut identifié l’un des premiers regroupements (clusters) de cas français, fin février. C’est là-bas que les chercheurs ont débuté leur étude, au sein de foyers où résidaient des personnes confinées après avoir été en contact avec un cas confirmé de Covid-19. D’autres foyers identifiés en dehors des hôpitaux ont ensuite été suivis, mais l’étude s’est rapidement concentrée sur le suivi de soignants : « Une fois que le virus circulait activement sur le territoire, il devenait difficile d’identifier avec exactitude la première exposition à risque d’une personne. Nous nous sommes donc tournés vers les soignants hospitaliers qui avaient été exposés à un cas de Covid-19 avant que ce dernier ne soit identifié, ou avant qu’il ne développe des symptômes », explique Xavier Duval. Sur la base des premiers résultats obtenus, le chercheur confirme qu’il existe bien des personnes chez lesquelles une excrétion du virus est mise en évidence par les prélèvements nasopharyngés systématiques, avant qu’elles ne développent des symptômes – voire sans qu’elles n’en développent. « Ces résultats confirment l’importance du confinement pour lutter contre le développement de l’épidémie », conclut le scientifique.Cette étude, sélectionnée par le consortium REACTing coordonné par l’Inserm, fait en outre partie du projet européen Recover (pour Rapid European Covid-19 Emergency Response).

(1) : unité 1137 Inserm/Université Paris 13/Université Paris Diderot et CIC-EC 1425 Hôpital Bichat, AP-HP/Nord-Université de Paris