FAS s’intéresse aux déserts médicaux

13 Novembre 2019
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Pas assez de médecins en France ? Impossible de toucher à la liberté d’installation ? La coercition ne marche pas, seules des mesures incitatives permettront de faire reculer les inégalités territoriales de santé ? Pas si simple, affirme une note publiée en octobre 2019 par la Direction générale du Trésor. Très documentée, mais largement passée inaperçue, cette note démonte certains des arguments phares des médecins et des politiques contre la remise en cause de la liberté d’installation. Elle plaide pour une limitation temporaire de cette liberté afin de mieux lutter contre les déserts médicaux. Cette analyse a bien évidemment intéressé France Assos Santé (FAS) tant elle rejoint les positions du collectif sur cet enjeu. « Il n’y a jamais eu autant de médecins en France, mais ils n’ont jamais été aussi mal répartis », avance la note. « C’est le premier enseignement (…) 226 000 médecins étaient en activité au 1er janvier 2018. Un record absolu. Sauf que les disparités entre territoires n’ont jamais été si fortes. Des disparités qui se sont accentuées sur la période 2007-2015 : les effectifs de médecins n’ont cessé de diminuer dans les départements les moins pourvus, et ont continué d’augmenter dans ceux dont la densité médicale dépassait déjà la moyenne nationale. Une aberration. Ainsi le délai médian pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste peut varier du simple au double selon la zone où on se trouve : 79 jours d’attente pour un rendez-vous ophtalmo dans les zones de faible accessibilité, contre 40 jours dans celles les mieux dotées », explique un communiqué de France Assos santé. « Les mesures incitatives d’installation : insuffisantes et sujettes à caution ». La note de Bercy juge également inefficaces les aides financières mises en place depuis 2013 pour favoriser l’installation dans les zones sous-dotées. Ces aides n’ont pas généré de hausse significative du pourcentage d’installation dans les zones fragiles. La Cour des comptes a d’ailleurs taxé ces dispositifs d’« inopérants et porteurs d’effets d’aubaine excessifs, au regard du volume très limité de nouvelles installations qu'ils ont suscitées ». Et Bercy de conclure que « des réformes plus structurantes paraissent nécessaires pour augmenter significativement le nombre d'installations en zones sous-denses ». Comme France Assos Santé, Bercy plaide pour « une adaptation de la liberté d’installation », mais y va très prudemment. « La note plaide pour « une adaptation temporaire et ciblée du principe de libre installation » dans les zones particulièrement sur-dotées, afin d'éviter une accumulation de l'offre là où elle est déjà très forte. « Par exemple, l'accès à certaines zones géographiques déjà fortement dotées en médecins pourrait temporairement être conditionné à la cessation d'activité d'un médecin exerçant la même spécialité », indique France Assos Santé. Le collectif se dit « ravi de constater que le ministère de l’Économie partage ses constats et certaines de ses recommandations ». « Nous rappelons que plus de 4 millions de personnes en France n’ont toujours pas accès à un médecin traitant, et qu’il faut dans certaines zones plus de 6 mois pour obtenir un rdv chez un spécialiste. Au regard du problème majeur que constituent les déserts médicaux pour l’accès aux soins de millions de personnes en France, la question de la liberté d’installation ne doit plus être un tabou. Il en va de l’égalité devant le soin », conclut-il.

Commentaires

Portrait de Superpoussin

Régulièrement on entend parler de ces fameuses zones surpeuplées de médecins responsables de la pénurie que connaissent certaines endroits mais jamais je n'ai entendu nommées ces zones.

Quelles sont-elles? Pourquoi les taire? S'agit-il d'un secret défense?

Je ne vois que des avantages à en faire la publicité: peut-être certains particuliers pourraient s'y installer pour leur retraite quand de jeunes médecins renonceraient à y exercer.

Pour l'instant je n'ai entendu parler que d'un seul endroit en surpopulation médicale en France: la ville de Nice.

En revanche toutes les régions que je connais connaissent un énorme déficit en médecins, et ce dans de nombreuses spécialités.

Cette discrétion sur les régions en surpopulation médicale ne serait-elle pas un moyen d'empêcher aux français de constater l'étendue des dégats?

Là j'en viens à penser que soit on nous barratine avec des statistiques bidonnées, soit une bonne partie des soit-disants 226 000 médecins de France se sont exilés en diverses missions humanitaires aux quatre coins du monde.

Et moi qui croyais bêtement que mes difficultés à obtenir des rendez-vous médicaux était causés par le numérus clausus quand l'origine du Mal avait pour nom "Nice" ou "Médecins du Monde"...

 

Portrait de jl06

Mais faut savoir que beaucoup de toubib ici pratique le dépassement d,honoraire , OUI , la médecine à deux vitesses existe bien ici .... A cela tu ajoute les rentiers de toute la France .... et d,ailleur à fort pouvoir de fric ....

pour final pas être mieux soigné qu,un CHU  de montpellier ou autres ,

Portrait de Superpoussin

C'est vrai, il ne suffit pas d'avoir des médecins dans son secteur pour avoir accès aux soins.

Par exemple j'inclus aussi une partie de Paris dans les déserts médicaux mais s'y soigner n'est pas un problème pour qui en a les moyens.

A ce propos je n'ai pas beaucoup entendu nos associations protester quand sous le gouvernement de François Hollande a été favorisé le développement des complémentaires santé, mesure qui logiquement n'a pu que favoriser dans la foulée les dépassements d'honoraires.