Femmes : déséquilibre dans les médias

6 Mars 2019
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Entend-on les femmes dans les médias ? Cette question de la représentativité a fait l’objet d’une étude analytique menée par l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), rendue publique le 4 mars. Les femmes ont parlé deux fois moins longtemps que les hommes à la télévision et à la radio au cours des dernières années, toutes chaînes confondues en France, constate cette étude de grande ampleur. Pour son enquête, l'Institut national de l'audiovisuel a créé un logiciel d'analyse acoustique pour mesurer le temps de parole des femmes sur 700 000 heures de programmes, journalistes et intervenantes confondues, ce qui est « le plus gros volume de données jamais analysé au monde », avec des données remontant jusqu'à 2001 pour la radio et 2010 pour la télévision, explique l’AFP. À la télévision, les prises de parole des femmes représentent moins d'un tiers du temps de parole total (32,7 %) et leurs voix portent encore moins à la radio où celui-ci n'est que de 31,2 %. L'étude détaille la situation par chaîne : ce sont sur Teva et Chérie 25, des chaînes destinées aux femmes, qu'elles ont le plus la parole, mais même là, le temps de parole des hommes est plus important. En troisième position, la chaîne d'info France 24 se démarque avec un temps de parole féminin de 45 %. À l'autre bout du spectre, les chaînes sportives  (Eurosport et L’Équipe) sont celles où le temps de parole des femmes est le plus faible (respectivement 7,4 % et 16,5 %). Parmi les chaînes généralistes, M6 se démarque avec un temps de parole féminin de 41 % tandis que sur les chaînes à programmation culturelle ou éducative (Arte, France 5), leur taux d'expression est plus faible (moins de 30 %). L'Ina a également décortiqué les temps de parole aux heures de forte audience : il baisse en moyenne de 3,2 % sur les chaînes et de 1 % sur les chaînes publiques. Sur le créneau spécifique 19h-21h, le taux d'expression des femmes est de 37,7 % en moyenne sur les chaînes publiques contre 24,6 % sur les chaînes privées. L'étude montre aussi des disparités régionales, grâce à l'analyse des JT régionaux de France 3 sur l'année 2016 : le pourcentage de parole attribué aux femmes dans les 24 éditions régionales varie entre 26 % et 53 %. L'Alsace et le Nord-Pas-de-Calais sont les seules éditions pour lesquelles le temps de parole des femmes est supérieur à celui des hommes. À l'inverse, en Lorraine, Midi-Pyrénées, Auvergne et Aquitaine, il est inférieur à un tiers. Côté radios, l'étude distingue les musicales et les généralistes, sur ces dernières le taux d'expression des femmes maximal est sur RFI (33 %), et minimal sur RMC (17 %), une station diffusant beaucoup de contenu sportif. « Ces inégalités de représentation tendent à se réduire au fil des années », note toutefois l'auteur de l'étude David Doukhan. Ainsi, à la radio, le temps de parole des femmes a augmenté de 9,3 % entre 2001 et 2018 et à la télévision, de 4,7 % de 2010 à 2018, une évolution particulièrement visible sur les chaînes publiques (+7 %).