Feu vert du Sénat à l'expérimentation des salles de consommation supervisée

27 Septembre 2015
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Le Sénat, pourtant à majorité de droite, a donné (17 septembre) son feu vert au principe de l'expérimentation de salles de consommation de drogues à moindre risque, pendant six ans maximum, lors de l'examen du projet de loi santé. A l'issue d'un débat passionné, une majorité de sénateurs, essentiellement de gauche, a rejeté à main levée des amendements de suppression de l'article 9 du texte qui prévoit ce dispositif, suivant ainsi l'avis du gouvernement et celui de la commission des Affaires sociales. Insuffisamment nombreux, l'ensemble des sénateurs les Républicains (lR)présents ont voté pour la suppression, à l'exception d'Alain Milon et de Catherine Deroche, tous deux rapporteurs du texte, explique l’AFP. Elisabeth Doineau (UDI-UC), troisième co-rapporteur et sénatrice de Mayenne, a aussi voté contre la suppression. "Les salles de shoot ne soignent pas et ne sèvrent pas, mais banalisent et facilitent l'usage des drogues dures", a critiqué Jean-Pierre Grand (lR), auteur d'un amendement de suppression, avec des arguments rabâchés depuis des mois. "Les CHU comportent d'excellents services d'addictologie. Laissons-les travailler ! On fait comme si rien n'existait", a déclaré Gilbert Barbier (RDSE), qui avait déposé un amendement identique. Jean-Baptiste Lemoyne (sénateur lR) a estimé de son côté que cet article "pose de graves problèmes d'ordre public et de sécurité". "Vous supprimez les salles de shoot sans proposer d'autres solutions", leur a reproché le sénateur Alain Milon (lR). "L'essentiel est, pour moi, que les toxicomanes pourront y rencontrer des addictologues (...). Si ce dispositif permettait de sauver ne serait-ce qu'un toxicomane par an, dans chaque hôpital de France, il serait fondé". "Il s'agit d'une expérimentation", a rappelé, de son côté, la ministre de la Santé Marisol Touraine, alors que le principe de l'expérimentation de ces "salles de shoot" a déjà été adopté par l'Assemblée nationale. "Ces salles accueilleront des publics très précarisés, très éloignés des soins (….) Je crois que si une personne par centre était sauvée, l'expérience mériterait d'être tentée", a estimé la ministre. "Nous voterons contre la suppression de cet article parce qu'il autorise une expérimentation qui offrira un accès aux soins plus rapide aux toxicomanes les plus vulnérables et les plus éloignés du soin", a expliqué la sénatrice Annie David (communiste, républicain et citoyen, CRC). De son côté, Aline Archimbaud (sénatrice écologiste) a souligné que l'expérimentation de ces salles serait très encadrée et qu'elle serait fondée sur le volontariat. Précisons que les sénateurs ont adopté, contre l'avis du gouvernement, un amendement de Philippe Mouiller (lR) intégrant ces salles d'expérimentation à un établissement de santé, ce qui n’était pas prévu jusqu’alors. Le débat sur le projet de loi santé doit se poursuivre au Sénat jusqu'au 2 octobre, avant un vote solennel le 6 octobre.