Fin de l’épidémie : Le point de vue de Michel Sibidé à Match

17 Décembre 2015
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Le 4 décembre dernier, le directeur exécutif de l’Onusida, Michel Sidibé, accordait une interview à "Paris Match". Il mettait en garde contre la tentation de relâcher les efforts contre le sida, alors même qu'une chance historique d'endiguer l'épidémie se présente aujourd’hui. L’hebdo lui demandait si l’éradication de la maladie était vraiment à portée de main. "Je ne veux pas utiliser le mot "éradication", car elle ne sera pas possible", expliquait-il. "On a 36 millions de personnes qui vivent avec le VIH, dont pratiquement 15 millions sont sous traitement. Ce qui est possible (…) c’est de mettre fin au sida en tant que problème de santé publique. On ira vers une forme d’élimination progressive. En 1996, quand la France et particulièrement le président Chirac, ont lancé un appel très fort pour mettre les médicaments à la disposition des plus pauvres, personne ne croyait qu’on pouvait mettre toutes ces personnes sous traitement. Depuis, on a doublé tous les cinq ans le nombre de personnes sous traitement. Si on arrive encore à doubler ce nombre d’ici cinq ans, on peut briser la trajectoire de l’épidémie. Et l’on peut éviter 22 millions de décès dus au sida". Interrogé sur l’éventualité d’un échec de la stratégie de fin de l’épidémie en 2030, Michel Sidibé explique qu’une remontée des contaminations pourrait se produire "si les gens cèdent à la complaisance, qu’il n’y a plus de financement soutenu et qu’on se retrouve à perdre cette fenêtre d’opportunité. Ce serait une catastrophe". Questionné sur les ressources financières à mobiliser pour que cette stratégie n’échoue pas, il explique : "Je pense qu’il faut compter 31 milliards de dollars par an. Depuis cinq ans, nous nous sommes battus pour que les gouvernements mobilisent leurs propres ressources pour lutter contre le sida. Et sur les 22 milliards que nous avons mobilisés l’année dernière, plus de 53 % des ressources venaient des pays eux-mêmes". Enfin, "Paris Match" lui a demandé ce que la PrEP (prophylaxie pré-exposition) pouvait jouer comme rôle dans la stratégie globale contre le sida : "Le Truvada doit être utilisé partout dans le monde, en faisant un ciblage très systématique. Il faut aller vers les populations à risques".