Gareth Thomas raconte sa vérité

2 Mai 2023
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Des nouvelles de Gareth Thomas. L'ancien capitaine de l'équipe de rugby du pays de Galles est devenu un porte-parole de la lutte contre les LGBTphobies et contre la sérophobie outre-Manche depuis ses coming out successifs en tant qu’homme gay et séropositif. C’est une figure emblématique et singulière du paysage militant des droits LGBTQI+ et de la lutte contre le VIH par son courage, sa visibilité et son volontarisme. Depuis une plainte (réglée à l’amiable en janvier dernier) de la part d'un ex-partenaire qui l'accusait de lui avoir transmis le VIH en lui cachant sa séropositivité, Gareth Thomas avait disparu des médias. Le 16 avril dernier, il est sorti de son silence dans un long entretien accordé au quotidien britannique The Gardian. Jusqu'à présent, il n'a pas parlé de l'affaire en détail. « Mais, aujourd'hui, je pense que la seule façon d'aller de l'avant est d'essayer d'aborder certaines choses ; là où je le peux, une fois pour toutes. Tirer un trait et aller de l'avant (…). Pour moi, pour mon mari, mes parents, ma belle-fille, mon beau-petit-fils — et financièrement, pour ma carrière — je ne peux pas créer plus de problèmes juridiques. Et je ne le veux pas non plus. Je dois aller de l'avant. Mais, je ne serai pas réduit au silence, ni victime de discrimination. Ce n'est pas moi qui compte, c'est ce que cela représente qui est important ». Les derniers mois ont été très difficiles pour l'ancien capitaine de l'équipe de rugby : « C'était horrible. Tout est devenu incontrôlable. Je marchais dans Bridgend [une ville du pays de Galles, ndlr], et un groupe de jeunes m'a craché dessus dans la rue. Je me suis arrêté à un feu rouge, j'ai baissé ma vitre et une camionnette rouge s'est arrêtée à côté de moi et quelqu'un a crié « Espèce de putain de sidaïque » avant de démarrer. Les incidents étaient effrayants. Oui, mais le pire, c'est qu'ils ont montré à quel point toute cette bigoterie et cette haine bouillonnaient sous la surface », confie Gareth Thomas. Aujourd'hui, le moral du militant est au beau fixe. Grâce à sa campagne Tackle HIV et à son travail avec des associations tels que le Terrence Higgins Trust, Gareth Thomas est devenu l'activiste VIH le plus connu du Royaume-Uni et il comprend donc pourquoi les gens se posent des questions, aussi dérangeantes soient-elles. « J'ai fait du sur-place pendant un certain temps. Je dois maintenant prendre une décision : continuer à être moi-même ou m'arrêter, abandonner et céder ? ». Il a décidé que cette dernière option n'était pas envisageable. « Je vis cette campagne. C'est mon quotidien. 24h sur 24. Elle ne s'arrête jamais. Je ne m'arrête jamais ». Pendant l’entretien, Gareth Thomas revient longuement sur la découverte de sa séropositivité et son coming out VIH, mais reste hésitant à parler de la plainte de son ex conjoint : « Comment vous sentiriez-vous si les gens voulaient vous demander publiquement : avez-vous eu des relations sexuelles lors d'un rendez-vous X ? Avez-vous eu des rapports sexuels avec pénétration ? Du sexe oral ? Sexe cochon ? Avez-vous utilisé des préservatifs ? J'ai été presque forcé de révéler mon homosexualité. On m'a forcé à parler de mon VIH. Une bonne partie de ma vie privée appartient déjà au domaine public ». Dans les documents du tribunal, Gareth Thomas a déclaré que le couple n'avait pas eu de rapports sexuels avant le diagnostic de son ex et qu'il croyait fermement que sa charge virale à l'époque signifiait qu'il ne pouvait pas transmettre le VIH, quelle que soit la situation. La police a abandonné ses investigations. L’ancien athlète aurait pu se retirer de toute vie publique, mais il a décidé de continuer son engagement dans la lutte contre la sérophobie : « J'ai un beau mari. Une famille qui m'aime et me soutient. Une belle maison. J'ai joué au rugby toute ma carrière. Je pourrais me reposer et boire des tasses de thé jusqu'à la fin de ma vie, en lisant les journaux du dimanche. Je pourrais, mais j'ai choisi de ne pas le faire. Parce que tout le monde n'a pas le choix. Les autres n'ont pas le temps que j'ai, ni ma visibilité (…). Et je suis à fond. Je suis là. Je suis fier de ce que je représente. Je serai cette voix, parce que cela pourrait être vous, ou quelqu'un que vous aimez, affecté par le VIH. Je ne me laisserai pas réduire au silence. J'ai cette plateforme. Les gens ont besoin de me voir et de m'entendre ».