Gay, latino et séropositif aux États-Unis

17 Octobre 2022
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Aux États-Unis, la communauté latino-américaine représente 16 % de la population. Le Center for Disease Control and Prevention (CDC) estime à 34 800 le nombre de découvertes de séropositivité au VIH dans le pays en 2019. Parmi elles, 29 % concernaient des Latinos américains-es, dont 85 % étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Environ 55 % des nouveaux cas de VIH touchaient des personnes qui vivaient dans les États du Sud (Alabama, Arkansas, Delaware, Floride, Géorgie, Kentucky, Louisiane, Maryland, Mississippi, Caroline du Sud, Caroline du Nord, Tennessee, Texas, Virginie, etc.). Elias Diaz connait bien les difficultés rencontrées par les personnes latino-américaines vivant avec le VIH dans le Sud des États-Unis ; une région historiquement plus conservatrice que le Nord et avec un racisme structurel très ancré. Gay et séropositif, le militant d’origine mexicaine vit à Eagle Pass au Texas qu’il qualifie lui–même de ville « au milieu de nulle part ». En Une du numéro d’Octobre-novembre du magazine américain Poz, Elias Diaz explique les nombreux obstacles rencontrés par sa communauté à commencer par le poids de la famille et de la religion. Un poids qui entraine une homophobie intra familiale et intériorisée et qui éloigne des hommes gays et bisexuels d’outils de prévention comme la Prep. « Beaucoup pensent que leurs familles ne seraient pas d’accord avec la Prep tout comme elles ne sont pas d’accord avec la contraception ». « La culture hispanique est très machiste, très centrée autour de la virilité. Beaucoup pensent qu’être un homme est un cadeau de Dieu alors pourquoi tu irais gifler ta famille en étant ouvertement gay ? » ironise le militant. Le tabou de la sexualité est également un frein à la prévention, explique Elias Diaz, qui déplore un manque criant de dialogue dans les familles latino-américaines : « Notre silence peut être mortel ». Être une personne LGBT et latino dans le Sud des États-Unis, c’est faire face à un cumul de discriminations et de vulnérabilités déplore Elias Diaz. Mais le militant, qui a cofondé l’association LGBT+ Eagle Pass Safe, se veut optimiste : « L’an passé, nous avons hissé le drapeau arc-en-ciel sur l’hôtel de ville pour la première fois ». Son association qu’il d’écrit comme un lieu « safe » (sécurisant) pour les personnes qui appartiennent aux communautés LGBT+ et VIH, a inspiré d’autres villes du Sud : « Ils ont ouvert une antenne à Del Rio et une autre va ouvrir à Temple, au Texas. Les villes rurales du Texas ont remarqué le travail qu’on faisait et veulent créer leurs propres espaces Safe ». Inspirant.