Grand débat : la FHF propose

25 Mars 2019
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La fédération hospitalière française (FHF) explique (15 mars) qu’elle « avait anticipé que la santé s’inviterait dans le Grand débat national ». Du coup, quoi de mieux pour faire entendre sa voix que de s’appuyer sur les attentes des Français-es en matière de santé. Afin que les questions sur le système de santé soient prises en compte au sein du Grand débat national lancé par le président de la République, la FHF, en partenariat avec l’institut Ipsos, a décidé d’organiser une consultation de grande envergure sur ce sujet. Près de 6 000 Français-es ont été ainsi interrogés-es sur 25 questions majeures du 27 février au 1er mars 2019, répartis dans toute la France, en métropole et en outre-mer, explique un communiqué de la FHF. Cinq enseignements majeurs émergent : pour les Français-es, l’accès à de bons établissements de santé est, juste après l’éducation, la condition essentielle d’égalité des chances dans la vie. Et parce que ce sujet est essentiel pour eux, ils et elles s’inquiètent pour l’avenir de leurs établissements de santé (hôpital, maison de retraite, Ehpad ou psychiatrie) et demandent ainsi plus de moyens ; pour 84 % des Français-es, l’accès à de bons établissements de santé est le second critère le plus important pour assurer à chaque individu une égalité des chances dans la vie, juste derrière l’accès à de bons établissements scolaires (88 %) et loin devant l’assurance de pouvoir bénéficier d’une protection de sa personne et de ses biens (53 %), de disposer de bonnes infrastructures de transport (49 %) ou d’un bon accès à la culture et aux loisirs (27 %) ; une inquiétude à l’égard de l’état de santé de l’hôpital public français : Près de neuf Français-es sur dix estiment que l’hôpital est aujourd’hui « en danger » (88 %) et ce sans distinction en fonction des zones d’habitation. L’inquiétude est donc massive y compris pour les problématiques en lien avec la perte d’autonomie où les Français-es estiment, à 76 %, que l’accompagnement ne correspond pas à leurs attentes ; près de huit Français-es sur dix estiment que les mesures mises en place pour rendre attractifs les métiers de l’hôpital public sont aujourd’hui insuffisantes ; aussi, les Français-es réclament une demande de moyens supplémentaires : 94 % des Français-es sont favorables à une augmentation des moyens financiers de l’hôpital public français.

Autre enseignement de l’étude d’Ipsos. « De réelles tensions apparaissent en termes d’accès aux soins : l’éloignement géographique des infrastructures et des professionnels-les de santé semble être au maximum de ce que peuvent accepter les Français-es, tout comme les délais d’obtention de rendez-vous », commente la FHF. « Entre le temps actuel que les Français-es déclarent mettre pour accéder aux différents services de santé et celui qu’ils estiment comme le « maximum acceptable », il n’y a presque plus de différences ». De plus, les « délais moyens d’obtention de rendez-vous avec les médecins spécialistes sont aussi fortement préoccupants : presque deux mois pour un cardiologue (un mois et trois semaines), deux mois et deux jours pour un dermatologue et plus de trois mois pour un ophtalmologiste (trois mois et une semaine) ». Conséquence : « Face à des problèmes de santé peu graves, de nombreux Français-es ont recours aux services des urgences, parfois pour des raisons inadéquates. Notre pays connaît donc un « recours relativement élevé aux services des urgences : plus d’un Français sur quatre déclare s’y être rendu au cours de la dernière année (29 %). Plus de quatre Français sur dix admettent avoir déjà eu recours aux urgences pour des raisons inadéquates : difficulté d’obtention de rendez-vous, refus de prise en charge, facilité et praticité, réalisation de l’ensemble des examens, etc. Ainsi, près d’1 interviewé sur 4 déclare y être allé parce qu’il ne savait pas à qui s’adresser en dehors du service d’urgence de l’hôpital (24%) et 1 sur 5 avoue y être allé tout simplement parce qu’aux urgences on est sur place pour réaliser tous les examens complémentaires à faire en cas de nécessité (21%). Au total, 42% des Français-es se sont déjà rendus aux urgences pour une raison inadéquate. Autre signal un peu inquiétant, les Français-es « ne comprennent pas bien le fonctionnement de leur système de santé » Ainsi « le fonctionnement et le mode de financement [du système de santé, ndlr] sont perçus par la grande majorité des Français-es comme relativement opaque et complexe ». Les Français-es souhaitent des réformes. Pour améliorer le fonctionnement de l’hôpital public, ils « estiment qu’il faut en priorité plus de personnels (87 %) et de budget (77 %). Ils ne demandent pas plus d’excellence (23 %), de spécialisation (23 %) ou de flexibilité (20 %), qui sont déjà des atouts majeurs reconnus de l’hôpital public », indique la FHF. Par ailleurs, les Français-es sont prêts pour la digitalisation de leur parcours de soins et éprouvent peu de craintes face à sa mise en place. Ils plébiscitent la coercition à l’installation pour lutter contre les désertes médicaux. Ainsi, à 84 %, ils sont favorables à « l’obligation pour les médecins de s’implanter dans certains territoires lors de leurs premières années d’exercice pour les répartir plus équitablement (84 %), mais aussi la priorisation de l’hospitalisation à domicile à chaque fois que cela est possible (82 %). Les Français-es se montrent aussi extrêmement favorables dans leur très grande majorité à la mise en place d’indicateurs permettant d’identifier les problèmes rencontrés par les patients dans leur parcours de soins (88 %) ou à l’issue de leur prise en charge (79 %).