Grande pauvreté

25 Octobre 2022
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Le monde ne sera pas en mesure d’éliminer la grande pauvreté d’ici à 2030, l’horizon visé par l’Assemblée générale des Nations unies dans le cadre de ses objectifs de développement durable adoptés en 2015, a estimé (5 octobre) la Banque mondiale dans un rapport. L’institution explique le retard pris comme étant l’une des nombreuses conséquences de la pandémie de Covid-19, qui a marqué la pire hausse de la pauvreté depuis 1990, une tendance que la guerre en Ukraine pourrait renforcer, selon son rapport annuel sur la pauvreté. « Au rythme de croissance mondiale actuelle, il devrait y avoir près de 600 millions de personnes en extrême pauvreté en 2030. Et si l’on considère que la croissance ralentit encore, on pourrait s’approcher des 700 millions », a expliqué le chef économiste de la Banque mondiale, Indermit Gill, cité par l’AFP. Environ 70 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2020, selon l’institution, qui a estimé à près de 720 millions le nombre de personnes vivant avec moins de 2,15 dollars par jour à la fin de l’année 2020. Durant la pandémie, les 40 % les plus pauvres ont vu leurs revenus, souvent issus de l’économie informelle dans de nombreux pays, baisser en moyenne deux fois plus que les 20 % les plus riches ; ce qui a entraîné, de fait, une hausse des inégalités, une première sur les dernières décennies. « On constate un ralentissement de la baisse de la pauvreté depuis 2014. Malgré tout, les objectifs de réduction ont été atteints partout à l’exception de l’Afrique », a souligné Indermit Gill. L’Afrique sub-saharienne concentre 60 % des personnes les plus pauvres, soit près de 390 millions de personnes. Le taux de pauvreté y atteint 35 %. Afin d’y éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la Banque mondiale estime qu’une croissance de 9 % par an serait nécessaire, dans chaque pays de cette région, d’ici à la fin de la décennie, « une barre particulièrement élevée pour des pays dont la croissance du PIB par habitant était en moyenne de 1,2 % durant la décennie précédant la pandémie », estime l’organisation. À la suite de la parution de ce rapport, l’institution appelle l’ensemble des gouvernements à mieux cibler les aides afin de les réserver aux plus pauvres, favoriser l’investissement dans l’éducation et la recherche et le développement ainsi qu’envisager des impositions qui tiennent mieux compte des revenus. La lutte contre la pauvreté reste essentielle, a conclu le chef économiste de la Banque mondiale, car « réduire la pauvreté permet aux pays de mieux résister au changement climatique, réduit les flux migratoires (...) et permet d’ouvrir de nouveaux marchés au bénéfice de tous, mêmes les économies avancées ».