Greffes de reins chez les femmes : Renaloo mène l’enquête

11 Avril 2017
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L’association Renaloo (association de patients : maladies rénales, greffes, dialyses) a rendu publics les résultats de son enquête auprès des femmes greffées du rein sur le dispositif de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) concernant la prévention de la tératogénicité du mycophénolate. Comme l’explique l’association (membre du Collectif interassociatif sur la santé, Ciss) dans un communiqué (13 mars 2017), depuis septembre 2016, les femmes en âge de procréer doivent, pour que le pharmacien leur délivre leur mycophénolate (un médicament utilisé en prévention du rejet de leur greffe), lui présenter tous les six mois un formulaire d’accord de soins, signé par elles et leur médecin. Dans ce formulaire, ces femmes s’engagent notamment à utiliser une double contraception pendant toute la durée de leur traitement. Renaloo a souhaité mieux comprendre comment ce dispositif était mis en œuvre et vécu par les principales intéressées. La tératogénicité est un effet indésirable potentiel de certains médicaments : c'est la capacité de ces médicaments à provoquer des anomalies ou des déformations du fœtus. L'utilisation ou l'exposition à ces substances est donc contre-indiquée chez la femme enceinte. Lorsqu’on utilise des médicaments pouvant engendrer ces  problèmes, il faut donc s’assurer chez les femmes en âge de procréer d’une contraception très efficace qui doit être instaurée avant la mise en place du traitement. C’est dans ce contexte qu’a été réalisée l’enquête menée par Renaloo. Les principaux enseignements tiennent en trois points, indique l’association. D’une part, près d’un tiers des participantes n’avait pas connaissance de la tératogénicité du mycophénolate, c’est-à-dire des risques de fausses couches et de malformations liés à ce traitement. Deuxièmement, plusieurs semaines après que le dispositif ait été rendu obligatoire, il restait très peu appliqué par les pharmaciens ainsi que par les néphrologues. Troisièmement, les femmes qui ont eu une greffe de rein sont très majoritairement hostiles au dispositif et à l’obligation de double contraception. Une large majorité d’entre elles (supérieur à 90 %) déclare ne pas avoir l’intention de modifier leurs pratiques en termes de contraception. "Les contraintes que l’on a tenté d’imposer à ces femmes, déjà largement malmenées par la maladie, ne semblent être acceptées ni par elles-mêmes, ni par les pharmaciens, ni par les néphrologues", note l’association. Renaloo estime que cette "défiance partagée (…) s’explique probablement, au moins en partie, par la brutalité [des recommandations, ndlr] et leur absence de fondement scientifique". Du coup, l’association travaille à ce que les bases des recommandations actuelles soient revues. "Cette affaire met en lumière un défaut manifeste d'intérêt médical et institutionnel, sur tous les aspects relatifs à la sexualité et à la procréation des femmes transplantées", critique Renaloo.