Greffes de reins : un accès retardé pour les PVVIH

22 Mars 2018
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En France, les personnes vivant avec le VIH ont un accès retardé à la greffe de rein. C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude présentée lors de la CROI 2018 à Boston. Comme l’explique l’agence de presse APMnews, la transplantation rénale est associée à une meilleure survie que l’hémodialyse (filtration des déchets du sang par une machine régulièrement) chez les personnes vivant avec le VIH comme chez les personnes non infectées. La survie après transplantation est comparable, que les personnes soient infectées ou non par le VIH. Une étude menée aux Etats-Unis y a constaté un moindre accès à la transplantation rénale. Cela s’expliquerait par les réticences qu’auraient les médecins spécialistes du rein (néphrologues) à transplanter les personnes vivant avec le VIH ; en cause : d’éventuelles interactions entre les ARV et les médicaments immunosuppresseurs pris à vie en cas de transplantation, d’une moindre adhésion aux traitements et d’un sur-risque infectieux sous immunosuppression. C’est ce qu’on rappelé des chercheur-e-s dont  Sophie Abgrall (hôpital Béclère à Clamart, AP-HP). Ils ont évalué la situation en France en analysant des données de néphrologie et des données concernant les personnes vivant avec le VIH. Leur étude a comparé 255 personnes vivant avec le VIH et 476 personnes non infectées (le groupe contrôle) initiant la dialyse entre janvier 2006 et décembre 2010 et suivies jusqu’au 31 décembre 2015. Le suivi médian était de 5,6 ans pour les personnes vivant avec le VIH et 6,3 ans pour les personnes du groupe contrôle. Parmi les personnes vivant avec le VIH, 98 % étaient sous traitement antirétroviral et 74 % présentaient un contrôle immunovirologique de leur infection, précise l’APMnews. Dans le groupe des personnes ayant démarré la dialyse entre 2006 et 2008, les chances d’être inscrites sur liste d’attente étaient réduites de 57 % chez les personnes vivant avec le VIH par rapport aux personnes du groupe contrôle Le taux de mortalité pré-inscription sur liste d’attente était multiplié par plus de deux chez les personnes vivant avec le VIH et le taux de transplantation, après inscription sur liste d’attente, était inférieur de près de 30 % chez les personnes vivant avec le VIH par rapport à celles du groupe contrôle.  Ces résultats montrent qu’en France, les personnes vivant avec le VIH (que le virus soit contrôlé ou pas) ont une moindre chance d’accéder à l’inscription sur liste puis d’être transplantées une fois sur la liste. Comme le mentionne APMnews, les auteurs estiment que les raisons sous-tendant ce moindre accès à la transplantation doivent être analysées et surtout que les cliniciens et les néphrologues devraient être informés du bénéfice supérieur de la transplantation par rapport à la dialyse chez les personnes vivant avec le VIH.