"Guerre aux drogues, guerre raciale" : appel aux témoignages

2 Mai 2015
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Depuis plusieurs décennies, en France, l’histoire de la répression des drogues et celle des personnes issues de l’immigration se déroulent en parallèle ; elles peuvent concerner les mêmes personnes, mais n’ont jamais été croisées, avancent le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) et l’AFR ("Réduisons les risques liées à l’usage de drogues"). Les deux structures lancent une nouvelle campagne "Guerre aux drogues, guerre raciale". "Du département de la Seine-Saint-Denis aux quartiers Nord de Marseille, la violence liée aux trafics de drogues illicites frappe en premier lieu les gens qui vivent et grandissent dans ces territoires et sont, pour beaucoup, Noirs, Arabes, issus de milieux défavorisés. Dès lors, on peut se demander si la guerre aux drogues n’est pas une guerre contre les minorités ethniques, une guerre raciale ?", interrogent les deux structures. Ailleurs la question ne se pose plus, expliquent les deux organismes. Aux Etats-Unis, des chercheurs ont confirmé cette hypothèse. L’ONG Human Wright Watch a, par ailleurs, montré qu’aux Etats-Unis les Noirs sont cinq fois et demi plus souvent arrêtés pour infraction à la loi sur les stupéfiants que les Blancs. Et en France ? "Eclairés par la démarche américaine, nous avons décidé de confronter la question des minorités ethniques à la guerre aux drogues en France. Chez nous, le sujet est complètement occulté car il se trouve au croisement de deux tabous : celui sur notre difficulté à parler des couleurs de peaux et celui sur la consommation de stupéfiants", expliquent l’AFR et le CRAN qui, en partenariat avec République & Diversité lancent cette  campagne. "Nous assumons l’hypothèse que l’application de la loi interdisant les stupéfiants en France est AUSSI utilisée à des fins de contrôle des minorités ethniques vivant dans les quartiers", affirment les deux organisations qui appellent aux témoignages. "A défaut de travaux d’analyse et de recherche de l’ampleur de ceux produits par nos collègues anglo-saxons, nous avons pour premier objectif de documenter cette hypothèse, au travers de témoignages de personnes vivant sur notre territoire et estimant être trop régulièrement la cible d’interpellations et de contrôles au prétexte de lutter contre les stupéfiants. Il faudra bien un jour nous interroger collectivement sur cette frilosité de la recherche française, avec en toile de fond ce débat récurrent sur les statistiques dites ethniques", concluent-elles.