Homophobie : l’Ouganda fait sa loi

26 Mars 2023
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Le parlement ougandais va voter sur une loi répressive prévoyant jusqu’à 10 ans de prison pour celles et ceux qui entretiendraient des « relations homosexuelles ». Le texte, ouvertement homophobe, vise toute personne se livrant à des activités homosexuelles ou se revendiquant comme LGBTQ+, dans un pays où l’homosexualité est déjà illégale. « Le projet de loi contre l’homosexualité est prêt et sera déposé devant le parlement pour un vote cet après-midi [21 mars, ndlr] », a déclaré à l’AFP Robina Rwakoojo, présidente de la Commission des affaires juridiques et parlementaires, qui a étudié le projet de loi. « Nous avons entendu les partisans du projet de loi et ceux qui s’y opposent et nous avons fait nos recommandations pour examen par la plénière », a-t-elle poursuivi. Ce vote sur ce projet de loi survient à un moment où les théories conspirationnistes sur le sujet foisonnent sur les réseaux sociaux, accusant d’obscures forces internationales de faire la promotion de l’homosexualité en Ouganda. Quelques jours avant l’examen du projet de loi par les parlementaires, le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays depuis 1986, avait qualifié les homosexuels de « déviants ». Le 17 mars, la police ougandaise avait annoncé l’arrestation de six hommes pour « pratique homosexuelle ». Fox Odoi-Oywelowo, parlementaire appartenant tout comme le chef de l’Etat au Mouvement de résistance nationale, a déclaré de son côté s’opposer au texte, affirmant à l’AFP vouloir « promouvoir une société juste ». Ce projet de loi « contient des dispositions anticonstitutionnelles, annule les acquis enregistrés dans la lutte contre les violences basées sur le genre », a expliqué Fox Odoi-Oywelowo, parlementaire de la majorité présidentielle, devant ses collègues. Du côté des défenseurs-ses des droits humains, on craint que l’adoption de cette loi n’aggrave « les discours de haine contre les minorités ». L’Ouganda a déjà une stricte législation anti-homosexualité — un héritage des lois coloniales —, mais depuis l’indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni en 1962, il n’y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis. En 2014, un tribunal ougandais avait bloqué un projet de loi, approuvé par les députés-es et signé par le président Museveni, pour punir les relations homosexuelles de prison à vie. Ce texte avait suscité un tollé au-delà des frontières ougandaises, certains pays donateurs ayant suspendu leur aide après sa présentation au Parlement. Ce vote en Ouganda intervient dans un contexte de virulente vague d’homophobie en Afrique de l’Est, où l’homosexualité est illégale et souvent considérée comme un crime, constate l’AFP.