Homophobie : peine requise contre Le Pen

5 Octobre 2018
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Le parquet de Paris a requis mercredi 3 octobre un total de 8 000 euros d’amende pouvant se transformer en emprisonnement à l’encontre du cofondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen. Ce dernier, absent à l’audience pour cause d’hospitalisation, était jugé pour des propos visant les homosexuels et notamment Xavier Jugelé, le policier tué dans l’attentat des Champs-Elysées en 2017. L’accusation a demandé « 40 jours-amende à 100 euros » pour chacun des deux dossiers jugés, soit 8 000 euros d’amende avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement, indique l’AFP. « Attiser la haine par ces propos-là, c’est ce qu’on reproche à Jean-Marie Le Pen », a déclaré la procureure, dénonçant « une exhortation claire à la mise au ban des homosexuels », « des mots complices » de ce que subissent certains d’entre eux au quotidien, du « mépris » jusqu’au « crime ». Jean-Marie Le Pen, 90 ans, était poursuivi pour provocation à la haine ou à la violence et injure publique envers les homosexuels, pour trois séries de propos. En mars 2016, dans son « Journal de bord » vidéo sur son blog, Jean-Marie Le Pen avait affirmé : « Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse... interdites, mais tout de même, dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse ». Puis en décembre 2016, interrogé par Le Figaro sur la représentation des homosexuels au sein du FN, il avait estimé que « les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe : s’il n’y en a pas assez c’est un peu fade, s’il y en a trop c’est imbuvable ». Ces propos « sont la violence », a réagi maître Étienne Deshoulières, avocat de l’association Mousse, asso LGBT, qui avait porté plainte après ces deux sorties. L’ex-dirigeant d’extrême droite est également jugé pour avoir commenté en avril 2017 les obsèques du policier tué dans un attentat djihadiste sur les Champs-Élysées, Xavier Jugelé, au cours desquelles son compagnon s’était exprimé. « Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d’ailleurs à plus de discrétion », avait affirmé Jean-Marie Le Pen dans le même « Journal de bord ». Pour Étienne Cardiles, l’époux de Xavier Jugelé, partie civile, « les mots prononcés ont été violents et ils ont fait du mal ». « C’est vomir à la fois sur le couple et sur le cercueil », a résumé son avocat Thibault de Montbrial. Il demandait 30 000 euros de dommages et intérêts.  arquet et parties civiles ont eu beau jeu de rappeler d’anciennes provocations de Jean-Marie Le Pen sur l’homosexualité ; elles sont aussi odieuses que nombreuses. Défenseur de l’ex leader d’extrême droite, maître Frédéric Joachim a demandé la nullité de la procédure et raillé « une poursuite dérisoire pour des faits anodins ». L’avocat a assuré, sans rire, de « l’absence totale d’homophobie de Jean-Marie Le Pen », ce dont est aussi venu témoigner son conseiller, Lorrain de Saint-Affrique, « (lui)-même concerné par cette question de l’homosexualité ». Comprendre qu’il serait gay et n’aurait pas à en souffrir de la part de le Pen. Jugement attendu le 28 novembre 2018.