Homosexualité : l'examen anal légal au Kenya

28 Juin 2016
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Un tribunal kényan a rejeté jeudi 16 juin une requête contestant la légalité de l'examen anal pour confirmer l'homosexualité supposée d'un homme, une pratique condamnée par les organisations de défense des homosexuels. La question avait été soulevée par deux hommes qui récusaient le droit de la police à mener de tels examens, après avoir été forcés à en subir un pour établir leur homosexualité, indique l’AFP. L'homosexualité est illégale au Kenya et peut être punie de quatorze années d'emprisonnement, même si des poursuites sont rarement menées. "Il n'y avait aucun autre moyen qu'une analyse anale pour que des preuves de leur homosexualité puissent être obtenues", a déclaré le juge du tribunal de Mombasa, Anyara Emukule. Les deux hommes devraient faire appel de ce jugement. Le jugement rendu est "non seulement inacceptable, mais aussi choquant par son mépris des obligations internationales en matière de droits de l'Homme", a réagi Amnesty International. "L'examen anal forcé d'hommes soupçonnés de relations homosexuelles est odieux et viole les lois internationales relatives à l'interdiction de la torture et autres mauvais traitements", a estimé Muthoni Wanyeki, directrice régionale d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est. "C'est également absurde car ce n'est pas le rôle du gouvernement de prouver ou d'infirmer qu'il y a eu une activité homosexuelle consentante. C'est une violation du droit à la vie privée", a-t-elle ajouté. Ce jugement viole plusieurs traités ratifiés par le Kenya, comme la convention contre la torture, le pacte international relatif aux droits civils et politiques, et la charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, a encore dénoncé Amnesty International, mais cela ne semble pas émouvoir les autorités kenyanes plus que cela. Selon des militants LGBT, l'intolérance est en hausse au Kenya, où les cas d'attaques de gays et de lesbiennes violées pour les "guérir" augmentent. L'homophobie au Kenya "reste un problème majeur" et la réponse des autorités à "des agressions collectives ou à d'autres formes de violences contre les homosexuels a été limitée", a noté dans un rapport récent l'organisation Human rights watch.