Hydroxychloroquine : pas de rôle préventif

15 Juillet 2020
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Les personnes traitées « au long cours » avec de la chloroquine ou de l'hydroxychloroquine, notamment pour des maladies auto-immunes, n'ont pas été moins touchées par des formes graves de Covid-19 durant l'épidémie, montre une étude française publiée le 7 juillet. Cette étude, conduite sur près de 55 000 personnes, « ne suggère pas de rôle préventif de l'utilisation des antipaludéens de synthèse (APS) au long cours sur le risque de survenue d'une hospitalisation, d'une intubation ou d'un décès liés au Covid-19 », concluent ses auteurs-es. Cette étude a été réalisée par Epi-phare, structure réunissant l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) et l'Assurance Maladie, à partir des données de cette dernière (en particulier les remboursements de médicaments) et des dossiers médicaux des hôpitaux (dates d'hospitalisation, diagnostics, actes médicaux et médicaments délivrés, etc.). Les auteurs-es expliquent : « Même si la nature observationnelle de l'étude ne permet pas de conclure formellement à l'absence de bénéfice des antipaludéens de synthèse pour la prévention d'une forme sévère de Covid-19, ces résultats ne plaident pas en faveur d'une utilisation préventive de l'hydroxychloroquine dans la population, y compris la population la plus à risque, et ce en dehors d'essais thérapeutiques dédiés », insistent les chercheurs-ses. L’étude a porté sur « l'ensemble des personnes ayant reçu au moins six délivrances remboursées d'antipaludéens de synthèse (hydroxychloroquine ou chloroquine) entre le 1er janvier 2019 et le 15 février 2020, dont la dernière au cours du dernier trimestre 2019 ou début 2020 ».  Les résultats mettent même en évidence « un sur-risque d'hospitalisation, d'intubation et de décès liés à la Covid-19 parmi les personnes sous APS au long cours par rapport à la population générale française (…) Les analyses réalisées suggèrent que ce sur-risque est expliqué par les caractéristiques liées à la pathologie chronique sous-jacente » de ces personnes. La plupart des essais cliniques testant l'hydroxychloroquine ont été stoppés fin mai, après la publication d'une étude négative dans la revue médicale The Lancet (rétractée par la suite après des soupçons de fraude), puis après les résultats, début juin, d'un vaste essai britannique, Recovery, selon lesquels l'hydroxychloroquine ne montre « pas d'effet bénéfique » pour les malades de la Covid-19, rappelle l’AFP.  En France, l'autorisation dérogatoire de prescription de l'hydroxychloroquine à l'hôpital dans le traitement du Covid-19, en dehors des essais cliniques, a été retirée le 4 mai. Ailleurs, c’est différent. Les prescriptions d’hydroxychloroquine ont augmenté de 86 % entre février et mars 2020 aux États-Unis au début de la pandémie de Covid-19, selon une étude publiée le 6 juillet dans la revue Jama. La consommation est passée de 367 00O boîtes à 684 000, selon des données de facturation de 48 900 pharmacies américaines couvrant la quasi-totalité du marché. Pour la chloroquine, la hausse a été de 159 %, mais cela concernait très peu de personnes, environ 6 000.