Idahot 2018 : protéger les demandeurs-euses d’asile LGBTQI+

17 Mai 2018
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A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les LGBT-phobies (Idahot 2018), AIDES dénonce le traitement réservé aux personnes demandeuses d’asile LGBTQI+, et interpelle les pouvoirs publics sur les conséquences dramatiques de la future loi "Asile et Immigration". "Cette loi est une nouvelle menace pour l’ensemble des personnes demandeuses d’asile, y compris les personnes LGBTQI+ arrivant de pays notoirement homophobes", dénonce l’association, qui rappelle que "l’homophobie, qu’elle soit  inscrite dans la loi ou profondément ancrée dans la société, constitue un terreau fertile pour l’épidémie de sida". "Non, mesdames messieurs les ministres, les [parlementaires], la loi "Asile Immigration" ne permettra pas de "mieux protéger les personnes vulnérables" ou de "s’adapter à la réalité du terrain" (1). En allongeant la durée maximale de rétention à 90 jours, et en réduisant les délais de demande d’asile et de recours, les [personnes demandeuses d’asile] n’auront que très peu de temps pour constituer leur dossier et étayer leur récit. Or, parler de l’intime, cela demande du temps, surtout lorsque l’on vient d’un pays homophobe. Evoquer sans peur sa sexualité et les menaces encourues nécessite de l’écoute et un accompagnement adapté. Mais ne soyons pas dupes, cette loi poursuit un tout autre objectif : traiter les demandes à la chaîne, pour enfermer plus vite et expulser plus facilement. L'amendement de Mathieu Orphelin [député de la majorité, ndlr], proposant de supprimer de la liste des "pays sûrs" (2) les pays où l'homophobie est institutionnalisée, va certes dans le bon sens mais n’apporte pas la moindre garantie quant à un meilleur traitement des personnes LGBTQI+ par les services de l'Etat". "Protéger les [personnes migrantes] LGBTQI+, c’est aussi lutter contre le sida. Nous, militants-tes de la lutte contre le sida, connaissons trop bien les ravages des discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, et leur impact direct sur la dynamique de l’épidémie. Aujourd’hui encore, 73 pays criminalisent l’homosexualité et de nombreux autres la discriminent violemment, sans toutefois que cela soit inscrit dans la loi. L'exclusion, les menaces verbales et physiques vécues au quotidien acculent de nombreux-ses LGBTQI+ à la clandestinité, aux prises de risques et entravent l’accès à la prévention et aux soins. Le même constat se vérifie partout : plus un pays est homophobe, plus les contaminations flambent parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). L’exemple du Cameroun, qui punit de cinq ans de prison toute relation homosexuelle, est édifiant : dans sa capitale, on estime que 44 % des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont séropositifs. La voilà la "réalité du terrain" : l’épidémie de sida se nourrit de l’homophobie", dénonce l’association. "Il n’y a rien à garder dans ce projet de loi. Il illustre une politique migratoire indigne et inacceptable. Pour "s’adapter à la réalité du terrain", l’unique solution est de mettre en place de réels dispositifs de protection pour toute personne gay, bi, lesbienne ou trans arrivant de pays homophobes et dangereux. AIDES continuera à porter fièrement ce message lors des Marches des Fiertés 2018 partout en France", conclut l’association.

(1) : Communiqué de presse de Gérard Collomb du 22 avril 2018.
(2) : Pour rappel, seuls 16 pays dans le monde figurent sur cette fameuse liste des "pays sûrs" dont trois sont véritablement concernés par cet amendement (Sénégal, Ghana et Inde).