Immigration : c’est reparti… encore

14 Mai 2023
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Revirement. Lors de la présentation de sa feuille de route, il y a quelques semaines, la Première ministre, Élisabeth Borne, avait repoussé le projet de loi sur l’immigration à l’automne. Changement de pied, le 9 mai dernier, puisque la cheffe du gouvernement a demandé au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de relancer des « concertations » pour présenter « en juillet » un projet de loi sur l'immigration en Conseil des ministres, en vue d'un examen parlementaire à l'automne, comme l’a indiqué une information du Figaro. Ce travail de consultation sera mené par Gérald Darmanin, en lien constant avec olivier Dussopt et Franck Riester, respectivement ministres du Travail et des Relations avec le Parlement. Ces concertations visent à « proposer une stratégie permettant de faire adopter des mesures efficaces et pouvant rassembler la majorité présidentielle », a-t-on expliqué dans l'entourage d'Élisabeth Borne. « Ces consultations dureront un mois. L'objectif est de présenter un projet de loi en juillet pour que des mesures soient examinées au Parlement à l'automne », a précisé l’exécutif. D’autres pays en Europe prennent également des initiatives en matière d’immigration. L’Allemagne souhaite ainsi durcir la lutte contre l’immigration illégale en accélérant les expulsions en contrôlant mieux ses frontières ; et cela dans un contexte politique local où l’extrême droite monte. Le chancelier Olaf Scholz et les dirigeants-es des seize États-régions (Länder) ont ainsi annoncé plusieurs dispositions. La hausse des arrivées de demandeurs-ses d’asile et réfugiés-es met à l’épreuve les capacités d’accueil des communes qui pressent l’État d’agir, explique l’AFP. Sur les quatre premiers mois de l’année, 101 981 demandes d’asile ont été déposées en Allemagne, soit une hausse de 78 % par rapport à la même période en 2022. Par rapport à 2019, le nombre des arrivées a augmenté de 50 %. « Contrôler et limiter la migration irrégulière » est une priorité de l’Allemagne, a assuré, lors d’une conférence de presse, Olaf Scholz. Alors que la durée moyenne de traitement d’une demande d’asile est actuellement de 26 mois, les autorités veulent accélérer la procédure pour expulser plus rapidement les personnes déboutées. Une modernisation du traitement informatique des dossiers devrait contribuer à cette accélération. Des changements règlementaires sont également prévus pour faciliter la mise en œuvre des expulsions : élargissement de la possibilité de maintenir et d’ordonner la détention en vue de l’expulsion, la durée maximale de rétention en vue de l’éloignement du pays doit être portée de dix à vingt-huit jours. Berlin mise aussi sur sa capacité à nouer de « nouveaux partenariats migratoires » avec les pays de provenance des étrangers-ères : il s’agit de « faciliter l’arrivée de personnel qualifié en provenance de ces pays, mais en contrepartie, de conclure des accords très clairs sur le retour » de ceux qui seront déboutés, a développé le chancelier Scholz. Du côté anglais, le projet de loi sur l’immigration reste controversé. Le chef spirituel de l’Église anglicane, Justin Welby, a ainsi vivement critiqué, le projet qui porte sur l’immigration illégale du gouvernement britannique. Celui-ci restreint drastiquement le droit d’asile, le qualifiant de « moralement inacceptable ». Devant la chambre des Lords qui étudie le texte et dont il est membre, l’archevêque de Canterbury a appelé le Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, à revenir sur ce projet de loi qui a pour objectif de mettre fin aux traversées illégales de la Manche. Il rend, de fait, inaccessible l’asile aux personnes migrantes arrivées sans titres de séjour. Il prévoit l’expulsion rapide des migrants-es arrivés-es illégalement et leur interdit de demander l’asile et, ultérieurement, de s’installer au Royaume-Uni ou de demander la nationalité britannique. Il facilite aussi la détention des migrants-es jusqu’à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr, comme le Rwanda, et cela d’où qu’ils-elles viennent. « J’exhorte le gouvernement à reconsidérer une grande partie du projet de loi, qui n’est pas à la hauteur de notre histoire, de notre responsabilité morale et de nos intérêts politiques et internationaux », a déclaré Justin Welby.