Indonésie : fortes pressions homophobes

15 Mars 2018
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Les pressions sont fortes en Indonésie pour interdire l'homosexualité et les relations sexuelles hors mariage dans le cadre d'un durcissement du code pénal. Ce mouvement est influencé par une vague de fondamentalisme religieux dans le pays musulman le plus peuplé au monde. Les changements proposés pour le code pénal, qui limitent aussi l'usage de préservatifs et criminalisent l'adultère, bénéficient d'un soutien sans précédent à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle, indique l’AFP. Le Parlement indonésien examine actuellement les derniers articles du nouveau code soutenu par les principaux partis politiques, qui devrait être soumis au vote dans les prochains mois. Si elles sont définitivement adoptées, ces modifications impacteront de nombreux Indonésiens, parmi lesquels la communauté LGBT déjà victime de discriminations. Depuis quelque temps, des ministres, des conservateurs et des groupes islamistes se livrent publiquement à des propos homophobes, tandis que la police a fréquemment recours aux strictes lois anti-pornographie pour réprimer des membres de la communauté LGBT. En janvier dernier, Google a retiré de ses boutiques en ligne en Indonésie l'une des applications de rencontres pour homosexuels les plus utilisées au monde, à la demande des autorités locales. Cette semaine, le président du Parlement, Bambang Soesatyo, a appelé à prendre des mesures sévères contre les "excès" de la communauté LGBT. Le ministre de la Santé a récemment annoncé la publication d'un guide médical classant l'homosexualité comme un "trouble mental". ET pourtant l'homosexualité est légale en Indonésie, sauf dans la province semi-autonome d'Aceh, qui applique la loi islamique (charia). Le haut commissaire de l'Onu aux droits humains, Zeid Ra'ad Al Hussein, a critiqué certains changements préconisés par le nouveau code pénal et l'offensive contre la communauté LGBT lors d'une rencontre avec le président indonésien, Joko Widodo. "Le discours haineux contre cette communauté, qui est semble-t-il utilisé cyniquement à des fins politiques, ne va qu'aggraver ses souffrances et créer des divisions inutiles. Toute mesure discriminatoire doit être retirée", a-t-il déclaré. La dernière mouture du nouveau code pénal prévoit une peine de cinq ans de prison pour des rapports sexuels hors mariage, faisant naître des craintes pour les homosexuels interdits de mariage dans le pays et redoutant les mêmes sanctions. Parmi les autres dispositions figurent des peines réprimant "la présentation ou l'offre de contraceptifs sans autorisation". Fin janvier, la police d'Aceh a interpellé des femmes trans, leur a coupé les cheveux de force et les a contraintes à mettre des habits d'hommes, rapporte l’AFP. Un récent sondage indique que près de 90 % des Indonésiens se sentent "menacés" par la communauté LBGT. Selon des observateurs, l'objectif ultime de ces mesures est d'étendre au pays entier les lois déjà en vigueur à Aceh, où l'homosexualité est interdite de même que les jeux d'argent, et où la consommation d'alcool et les relations sexuelles hors mariage sont sanctionnées par des coups de bâton en public. Alors que les travaux des parlementaires sur le nouveau code pénal touchent à leur fin, des défenseurs des droits de l'homme ont lancé une pétition qui a recueilli jusqu'ici 57 000 signatures contre les nouvelles dispositions controversées.