Infections nosocomiales : rebond

6 Juin 2023
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Mise en garde. Une personne hospitalisée sur dix-huit en France est touchée par au moins une infection nosocomiale : un rebond causé en partie par la Covid-19, selon une enquête nationale sur ces infections. Pour être plus précis, une infection nosocomiale ou infection associée aux soins est une infection contractée au cours d'un séjour dans un établissement de soins. Elle peut être directement liée aux soins ou survenir durant l'hospitalisation, en dehors de tout acte médical. Les infections nosocomiales sont responsables d'environ 4 200 morts par an. Après avoir stagné de 2012 à 2017 et baissé régulièrement entre 2001 et 2012, la proportion de personnes infectées a augmenté entre 2017 et 2022 (+14,7 %), constate Santé publique France (SpF) dans un communiqué. Par rapport à ses voisins européens, la France se situe dans la moyenne (17e sur 31 pays en 2017 pour la prévalence nosocomiale), souligne SpF. L'édition 2022 de l'enquête de Santé publique France — effectuée tous les cinq ans — a été menée entre le 15 mai et le 30 juin, un jour donné, auprès de 1 155 établissements de santé (soit plus de 150 000 personnes). L'épidémie de Covid a pesé, directement ou indirectement : « La proportion de patients infectés est supérieure à celle d'il y a cinq ans, mais les infections Covid nosocomiales représentent la moitié de l'augmentation », relève, auprès de l’AFP, Anne Berger-Carbonne, responsable de l'unité Infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques au sein de SpF. Si l'on exclut les cas de Covid-19 nosocomiaux, la proportion de patients-es infectés-es en 2022 reste en hausse (+7,5 %) mais « de manière non significative » par rapport à celle estimée en 2017, selon l'agence sanitaire. Elle observe ainsi que « par rapport à 2017, les patients-es hospitalisés-es en 2022 présentaient des risques accrus de complication infectieuse », en raison de profils plus vulnérables ou de l'usage de dispositifs de soin invasifs. Les infections nosocomiales restent davantage constatées dans les services de réanimation (près d'un personne infectée sur quatre), qui soignent des patients-es plus vulnérables et exposés-es à des dispositifs invasifs (cathéter, assistance respiratoire, sonde urinaire). Infections urinaires, liées à une intervention chirurgicale, pneumonies, bactériémies (présence de bactéries dans le sang) restent les principales manifestations des infections nosocomiales. Quatre bactéries, notamment Escherichia coli et le staphylocoque doré, sont impliquées dans près d'un cas sur deux d'infection nosocomiale à l'hôpital, quasiment comme en 2017. Autre enseignement de l'enquête: environ une personne hospitalisée sur six reçoit un traitement antibiotique, une proportion en hausse de 7,5 % par rapport à 2017. « Ce n'est pas très bon signe », relève la spécialiste de Santé publique France. L'antibiorésistance — le fait que certaines bactéries finissent par devenir résistantes aux antibiotiques — est, en effet, considérée comme une menace majeure par les autorités sanitaires mondiales. Un-e patient-e sur quatre est traité-e par antibiotique en réanimation, un sur deux dans les services de médecine ou de chirurgie, selon l'enquête de SpF. Pour l'agence sanitaire publique, ces résultats « incitent à poursuivre les actions de prévention » des infections nosocomiales en les ciblant sur les plus fréquentes (infections urinaires, pneumonies, infections du site opératoire, bactériémies). Il faut aussi « renforcer les actions pour le bon usage des antibiotiques ».