Interruption de traitement : quelles conditions ?

17 Janvier 2023
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L’effort de recherche sur la rémission du VIH (HIV cure) s’est intensifié ces dernières années et le nombre d’essais de Cure est en augmentation. Un certain nombre de ces recherches impliquent des Interruptions analytiques de traitement, (IAT) : le-la participant-e à ce type de recherche, qui vit avec le VIH, arrête — pour un temps et sous contrôle — la prise de son traitement antirétroviral. Les personnes qui font une IAT font des analyses sanguines fréquentes afin de détecter tout signe éventuel de rebond viral. En effet, ce rebond viral pourrait exposer leurs partenaires séronégatifs-ves — en l’absence d’autres moyens de protection — au risque de contracter le VIH. Peu de recherches ont été menées sur l'opinion des participants-tes à ces essais ainsi que leurs partenaires. La professeure Karine Dubé de l’Université de Californie à San Diego (États-Unis) s’est intéressée à ce sujet. Ses travaux de recherche actuels portent sur l'intégration de la recherche socio-comportementale dans le cadre des essais sur la rémission du VIH aux États-Unis et en Afrique du Sud. Dans une étude présentée sur le site aidsmap, la Pre Dubé et ses collègues ont exploré les perceptions des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et de leurs partenaires sexuels-les sur l’impact d’une IAT. Au total, dix couples sérodifférents ont participé à cette étude. La plupart étaient des couples d'hommes de même sexe, mais deux couples hétérosexuels étaient également inclus. Les participants-es ont été interrogés-es sur les facteurs qui pourraient influencer leur décision de participer, ou pas, à une recherche sur la rémission. Comme on pouvait s'y attendre, l'impact sur la santé des participants-es a été largement évoqué par les PVVIH et leurs partenaires séronégatifs-ves. L’assurance que les partenaires séronégatifs-ves bénéficieraient d'un certain degré de protection était une condition essentielle de l'engagement. Certaines personnes ont souligné que la Prep devrait être disponible dans le cadre de l'essai. Par ailleurs, pour de nombreuses personnes interrogées, il était important de recevoir une compensation adaptée en échange du temps consacré à la participation à l'étude. En outre, les personnes ont décrit comment elles avaient besoin d'être rassurées sur le fait qu'elles disposeraient des ressources appropriées pour faire face à toute maladie résultant de leur participation à l'essai. Autre point important, une IAT entraînerait probablement un rebond viral et donc une perte du statut « indétectable = intransmissible » chez les PVVIH. La stigmatisation des personnes ayant une charge virale détectable, en particulier dans les espaces sexuels gays, a été soulignée par les personnes séropositives et leurs partenaires. «  Je pense que nous n'avons pas fait un très bon travail, ces dernières années, pour déstigmatiser les personnes vivant avec le VIH qui ont une charge virale détectable. Donc je pense vraiment, y compris pour moi, que se diriger volontairement vers une charge virale de nouveau détectable pourrait raviver une partie de cette stigmatisation internalisée » a déclaré un des participants-es. En résumé, la Pre Dubé et son équipe ont mis en lumière les points de vue des participants-es potentiels-les à la recherche sur les traitements curatifs et, pour la première fois, de leurs partenaires. De ces entretiens sont ressortis des préoccupations concernant la rigueur scientifique, le désir d'une indemnisation financière appropriée et l'assurance que la santé sera protégée. La crainte d'être de nouveau stigmatisé-e en raison d’une charge virale détectable est également un point crucial à prendre en compte dans l’inclusion et l’accompagnement des PVVIH qui arrêtent leur traitement dans le cadre d’une IAT.

Commentaires

Portrait de bob02

Très bien ces recherches , mais combien de rémission ; il y a pas de chiffre ,